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Don Carlos à La Scala ou l’effondrement du chant verdien

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Humeur
8 décembre 2008

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F. Cedolins & F. Furlanetto © AFP

« Notre devoir est d’offrir le meilleur  » : la phrase de Stéphane Lissner, censée justifier le remplacement impromptu du ténor Filianoti par le pitoyable Stuart Neil en Carlo, n’a pas fini de faire rire (ou pleurer) les spectateurs de l’imprudente retransmission en direct de la St Ambroise scaligère.

Aller chercher ce chanteur de troisième zone ( le braillard de la Messe Glagolitique de Janacek, l’incertain Pirate bellinien..) pour remplacer un incertain tenorino, n’était-ce pas, à coup sûr, tomber de Charybde en Scylla ? Le discret Secco n’était pas disponible ? Il n’y a plus de chanteurs verdiens? Certes, mais alors pourquoi se lancer dans une aventure suicidaire en programmant un tel ouvrage?

Que l’arbre Neil ne nous cache cependant pas la forêt: l’intégralité de la distribution réunie par Lissner est indigne de Verdi comme de la Scala. A commencer par l’Elisabetta de Madame Cedolins, Floria Tosca de fâcheuse mémoire, Magda de la Rondine plus décadente qu’Art Nouveau, et ici totalement dépassée par la tessiture à laquelle on la confronte. De se fabriquer les graves qu’elle n’a pas, l’infortunée creuse son vibrato et plafonne ses aigus régulièrement trop bas d’un demi-ton.

Déréliction vocale qui ne doit rien aux foudres de son époux tant ce dernier flotte dans son manteau royal. Furlanetto en Philippe II : le symbole même de l’effondrement du chant verdien. Ni le volume, ni la tenue, ni le legato: les derniers restes d’un Leporello de routine n’ont jamais fait une basse verdienne.

Mais il y a pire : le Posa de Dalibor Jenis! Ce baryton qui hier cabotinait sans vergogne en Figaro prétend aujourd’hui incarner ce personnage tout de noblesse et de raffinement vocal ? Son chant primaire le lui interdit et se gesticulation ne fait qu’ajouter à sa vulgarité.

Des autres, simplement corrects, il n’y a pas trop à redire. Mais du chef, oui. L’orchestre maison nous a paru aussi flottant que les timbres vocaux et que la mise en scène de Stéphane Braunschweig Ah cette fameuse dramaturgie censée mettre Schiller à la portée d’un public de jeunes… Le petit écran (fatalement réducteur) n’en laisse paraître que le minimalisme à la mode, que trois ou quatre pénitents badigeonnés d’éosine ne peuvent sauver du conformisme ambiant, alors que nos chanteurs, livrés à eux-mêmes multiplient les stéréotypes. Alors, c’est là ce que la Scala peut aujourd’hui offrir de meilleur? Povera Scala !
 
Jean Cabourg
 
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