Hommage au Prince Albert Ier, souverain éclairé de la principauté de Monaco, à l’occasion du centenaire de sa mort en juin 1922, hommage à Raoul Gunsbourg, nommé par le premier en 1892, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, poste qu’il occupa durant près de soixante ans jusqu’en 1951. C’est sous ce double patronage que Jean-Louis Grinda a voulu inscrire sa saison, qui sera sa dernière à la tête d’un établissement où officia jadis son père et qu’il a lui-même hissé à un niveau d’excellence reconnu de tous depuis qu’il en a pris les rênes en 2007. Ainsi en octobre dernier le très rare Dejanire de Saint-Saëns, en novembre La Damnation de Faust de Berlioz
Ce numéro spécial de l’Avant-Scène Opéra est consacré à l’illustre scène lyrique du Rocher, jouxtant le Casino, conçu par Charles Garnier et inauguré en 1879, quatre ans seulement après l’Opéra de Paris. 156 pages particulièrement denses, richement illustrées, réparties en sept chapitres.
D’abord l’état des lieux avec une mise en perspective de l’œuvre de Charles Garnier, tandis que Christophe Rizoud rappelle que l’Opéra de Monte-Carlo n’est pas circonscrit à son seul édifice originel. Le lien avec le tourisme et les jeux est avantageusement illustré par Rémy Campos (Du tapis vert au rideau rouge) et Julien Cavaillé – qui, signalons-le au passage, à la rédaction en chef du magazine, a pris le relais des infatigables Michel Pazdro et Chantal Cazaux – décrivant une « Scène mondiale pour public cosmopolite »
Suivent des portraits de Raoul Gunsbourg par ses contemporains et des entretiens avec les directeurs, l’actuel – Jean-Louis Grinda – et la future, Cecilia Bartoli.
La partie peut-être la plus intéressante, résumée sous un titre fourre-tout – Une ambition artistique – est constituée de témoignages précieux des compositeurs qui ont été particulièrement célébrés à Monaco – Massenet, Saint-Saëns notamment – des chanteurs et cantatrices qui y étaient chez eux et, moins attendue mais extrêmement instructive la galerie de portraits des chefs qui se sont succédé à la tête de ce qui fut longtemps l’orchestre de l’Opéra, devenu Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, sous la plume du meilleur expert en la matière, Christian Merlin.
Et puisque ce numéro spécial est sorti à l’occasion de la production de la Damnation de Faust, plusieurs articles rappellent l’importance de cet ouvrage et de Berlioz dans l’histoire des lieux. Noter aussi un entretien avec celui qui incarna Faust dans cette production, le ténor samoan Pene Pati.
On aimera tout spécialement la recension exhaustive de « 150 ans de créations », de la disco-vidéographie des forces musicales monégasques ainsi que d’une bibliographie bien utile pour prolonger la lecture de ce numéro.
Longue vie à l’Opéra de Monte-Carlo et à sa future directrice !