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Les Chorégies d’Orange de 1869 à nos jours

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Livre
2 novembre 2012
Son quartier d’Orange

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Détails

André Segond
Les Chorégies d’Orange de 1869 à nos jours [2011]
Préface d’Alain Duault
Broché non cousu,
21 photos NB et 30 photos coul., 216 p.
Editions Autres Temps, Gémenos, 2012, 15 €

 

Sciatiques, refroidissements, accidents, vous saurez tout sur les coulisses du festival. Vous n’ignorerez rien non plus de la météorologie locale. Mais peu d’émotion dans cet ouvrage qui analyse cliniquement les représentations depuis l’origine : la déception est à la hauteur de l’intérêt que le titre suscite, malgré une bonne iconographie et un prix attractif.

 

L’ouvrage commence par rappeler la période des années 1869-1970, recopiée d’un article d’André Segond paru en 1988. À partir de 1971, Jacques Bourgeois et Jean Darnel assurent pendant dix ans une direction bicéphale qui peut être considérée, contrairement à ce que laisse entendre l’auteur, comme l’âge d’or des Chorégies lyriques : les plus grands chanteurs du monde, et les plus grands orchestres dirigés par les plus grands chefs, s’y succèdent alors. André Segond en parle avec détachement, signalant par exemple du bout des lèvres Le Trouvère de 1972 à la « distribution cosmopolite », « avec une cantatrice russe, Irina Arkhipova », pourtant exceptionnelle.

 

Constitué d’un recueil de notes, l’ouvrage est celui d’un passionné plus qu’un livre d’érudition ou un travail scientifique. Ce qui ne saurait tout excuser. Les erreurs sont innombrables, de noms (Jean Daniel au lieu de Jean Darnel, Monique Pondeau pour Monique de Pondeau, Madame de Ségur au lieu de la Comtesse), de prénoms (Germaine Juyol au lieu de Suzanne, Laurent Pezzino au lieu de Léonard), de rôles (Ramadès dans Aïda, Ophélia au lieu d’Olympia dans Les Contes d’Hoffmann), d’air (Les oiseaux « sous » la charmille au lieu des oiseaux dans la charmille dans la même œuvre), de dates (la Chorégie de « 1988 » au lieu de « 1998 »), de titre (Don Carlo devient Don Carlos), et oublis importants (Birgit Nilsson dans Brünnhilde de La Walkyrie de 1975, distribution vocale du Chant de la Terre), etc.

 

Dans le domaine des anecdotes, si l’auteur était sur place à chaque représentation, comme il est dit, comment a-t-il pu oublier le chahut mémorable et les sifflets pour La Force du Destin de 1982, l’effondrement de décor de la Tétralogie de 1988, le canardage de notes d’Aprile Milo dans le rôle d’Aïda en 1991, le double démarrage du Trouvère en 1992 (les spectateurs non encore placés obligeant par leurs hurlements le chef à s’interrompre et à recommencer depuis le début). Et en ce qui concerne l’épisode des intermittents du spectacle, une petite partie seulement du public leur était vraiment hostile.

 

En revanche, André Segond connaît parfaitement les annulations et remplacements de dernière minute (encore qu’il manque l’annulation d’un des concerts de Natalie Dessay). Il faut dire qu’Orange détient le record toutes catégories des festivals internationaux en ce qui concerne les annulations de vedettes (dont la présence de certaines a peut-être été souvent quelque peu hâtivement annoncée), la palme revenant à l’année 1987 où les trois têtes d’affiche d’Hérodiade, Montserrat Caballé, Elena Obratzsova et José Carreras déclarent forfait.

 

Plus que bienveillant sur la direction Duffaut (record de durée pour un établissement culturel, avec plus de trente ans), Segond ne commente pas les choix de programmation, qui sont quand même d’une répétitivité et d’un réel manque d’invention. On comprend qu’il faille que le festival s’autofinance au-delà de 80 % et que c’est très bien qu’il y réussisse, mais si pour y arriver il faut sans arrêt reprogrammer les même tubes, à quoi bon ?

 

Surtout, il manque un index des noms des artistes, qui aurait vraiment été utile. Et s’il y a bien, en fin d’ouvrage, une liste des opéras représentés, celle-ci est peu fiable : l’Aïda de 1991, par exemple, n’y figure pas. Quant à la bibliographie, elle se résume à quatre références, au nombre desquelles on relève l’excellent n° 111 de L’Avant-Scène Opéra qui, malheureusement, s’arrête en 1988. Pour les vingt années qui suivent, on devra donc se contenter du présent livre, faute de mieux…

 

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Editions Autres Temps, Gémenos, 2012, 15 €

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