Si vous, lyricomaniaques, vous cherchez la solution pour intéresser votre entourage à l’art lyrique et tenter de lui faire comprendre votre passion, si vous ambitionnez d’habituer le petit dernier aux codes du monde lyrique, deux nouveaux coffrets sont peut-être la solution.
La collection « … pour les nuls » comporte déjà de nombreux ouvrages consacrés à la musique classique, à l’opéra plus précisément… et même à quelques sujets plus particuliers (« La Callas pour les nuls », « Les opéras de Mozart pour les nuls »…). Le texte, adapté d’une version anglaise rédigée par David Pogue (chroniqueur au NY Times) et Scott Speck, est au diapason de la collection, façon « guide du routard » : la présentation chronologique est sans mystère et plutôt agréable, si on accepte un style peu châtié et une manière de présenter les choses on ne peut plus prosaïque. Cela peut agacer, surtout lorsqu’on trouve des approximations (« La grazza ladra… ») ou des thèses contestables (pour ne prendre que deux exemples, Rossini n’aurait « jamais été un bourreau de travail » – alors que, pendant les dix premières années de sa carrière, il n’arrêtait jamais, créant des œuvres ici et là… – et s’il a arrêté de composé pour la scène après Guillaume Tell… c’est qu’il n’avait plus besoin de gagner d’argent. Un peu court…). Un coffret de 6 CD vient compléter le texte, ce qui rend le parcours dans l’histoire de l’opéra plus concret. La sélection est évidemment subjective (on regrettera le petit nombre de duos, trios ou ensembles, au profit des grands airs solo qui ont été privilégiés) mais les choix, opérés dans le catalogue EMI, sont de belle qualité, sans erreur de distribution manifeste. Ils sortent même parfois des sentiers battus (June Anderson dans I Puritani, Bumbry dans Carmen, Vanzo en Nadir). Bien entendu, un tel guide privilégie le grand répertoire, avec tout de même des ouvertures intéressantes vers l’opéra russe (Christoff dans la mort de Boris) et l’opéra du XXe siècle (The Rake’s progress ; Le Roi Roger). Pour peu que l’on ait autour de soi quelqu’un qui ne se vexe pas d’être pris « pour un nul », le cadeau est tout à fait recommandable, à ce prix là : 19,15 euros.
Harmondia Mundi a retenu une approche différente, également séduisante. Le point d’entrée est le jeu de mistigri et les cartes correspondantes. Chacun (Orphée, Ramiro, Don José, Pinkerton…) représenté par son costume doit retrouver sa chacune (Euridice, Angelina, Carmen, Cio-Cio San…). Un très bon moyen pour initier les plus jeunes aux charmes des beaux costumes et des histoires d’amour dont l’opéra est friand. Un premier CD offre lui aussi un panorama, évidemment très limité, de l’art lyrique, de Monteverdi à Debussy, avec de courts commentaires dans le livret pour chaque oeuvre. Le deuxième CD est beaucoup plus intéressant, surtout pour les amateurs expérimentés : 84 courts extraits sont gravés pour que l’on puisse jouer, dans une écoute à l’aveugle, à reconnaître les airs proposés. Un regret toutefois : dans une logique de progression, on aurait pu imaginer que le jeu porte sur l’identité du chanteur, voire la date de l’enregistrement… mais ces informations-là, on ne les trouve pas et c’est très dommage. Mais là encore, le cadeau est sympathique, à moins de 20 euros (18,29 euros).