Le baryton français, race noble et fière qui s’exprime aujourd’hui par les voix de Ludovic Tézier ou Stéphane Degout, représente plus qu’une école : une dynastie. Sur cet arbre aux multiples rameaux, Alain Fondary occupe une place à part. A l’âge où certains chanteurs envisagent de mettre un terme à leur carrière (la quarantaine), celui que l’on surnomme « Nounours » a débuté la sienne. On imagine sans mal combien il a fallu de travail et d’opiniâtreté à cet ancien souffleur de verre pour finalement fouler les planches d’une maison d’opéra. C’est ce parcours atypique que raconte Patrick Alliotte en romancier plus qu’en biographe.
Diplômé des Beaux-Arts, lauréat du grand prix de poésie de Marseille, l’auteur qui partage ses activités entre chant et écriture, se plait à dérouler fil à fil la bobine d’un itinéraire exceptionnel, au sens premier de l’adjectif : l’enfance choyée entre parents et grands parents, les années d’éducation sentimentale, la découverte du métier de verrier, l’apprentissage du chant, la tentation de l’ésotérisme… Ces étapes initiatiques, Patrick Alliotte en fait le récit à la manière d’un conteur, longuement, avec force détails, en soignant le pittoresque et l’anecdote. Puis, lorsqu’enfin on touche au Walhalla, qu’Alain Fondary s’apprête, de sa voix longue (du Fa grave au Si bémol) et puissante, à conquérir le monde, l’écrivain nous plante là, comme si la narration des années de gloire l’intéressait moins ou que, pris par le temps, il ait été obligé d’accélérer le cours de son récit. Des extraits d’entretien se chargent alors de résumer en dix pages les dix-huit années de triomphes, de chant et de rencontres que l’on se contente d’entrevoir à travers la sincérité du témoignage.
Si les amateurs de destinée y trouveront leur compte, ceux d’opéras pourront ressentir une certaine frustration. Pour le reste, Symétrie comme à son habitude a fait du bon boulot. Iconographie, panorama de carrière et index des personnes apportent à l’ouvrage un indispensable complément d’informations.
Christophe Rizoud