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Haendel, Arie per basso

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CD
11 août 2009
Un rendez-vous manqué

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759) : Arie per Basso
Lorenzo Regazzo
Siroe
1. Ouverture
2. Recitativo Cosroe: “No, io per sua pena”
3. Aria Cosroe: “Se il mio paterno amore”
4. Recitativo Cosroe: “Ove son ? Che m’avvenne ?”
5. Aria Cosroe: “Gelido in ogni vena”
Orlando
6. Accompagnato Zoroastro: “Impari ognun da Orlando”

7. Aria Zoroastro: “Sorge infausta una procella”

Agrippina
8. Aria Claudio: “Pur ritorno a rimirarvi”
9. Recitativo Claudio, Poppea: “Ma, o ciel, mesta e confuse”
10. Arietta Claudio: “Vieni, o cara”
Serse
11. Recitativo Elviro: “Me infelice…”
12. Arietta Elviro: “Del mio caro Bacco amabile”
Alcina
13. Ouverture – Musette – Menuet
14. Aria Melisso: “Pensa a chi geme”
Tamerlano
15. Aria Leone: “Amor da guerra e pace”
Cantata Dalla guerra amorosa
16. Recitativo: “Dalla guerra amorosa”
17. Aria: ”Non v’alletti un occhio nero”
18. Recitativo: ”Fuggite, si fuggite ! ”
19. Aria: ”La bellezza è com’un fiore”
20 Finale: ”Fuggite… a chi servo d’amor”
Cantata Apollo e Dafne
21. Recitativo: ”Placati alfin, o cara”
22. Aria Apollo: ”Come rosa in su la spina”

Lorenzo Regazzo, basse
Gemma Bertagnolli, soprano (9)
Concerto Italiano
Rinaldo Alessandrini, direction

Enregistré en mars 2008.

1 CD NAÏVE OP 30472 – 58’

Les voix d’homme naturelles n’ont certes pas la cote au royaume de l’opera seria, mais Haendel leur réserve quelques morceaux de choix qui auraient amplement suffi au programme de ce récital. Bien qu’ils n’incarnent jamais les premiers rôles, ténors et basses peuvent à l’occasion voler la vedette au prime uomo comme dans Tamerlano (Bajazet) ou Ezio (Varo) ainsi que vient de nous le rappeler avec éclat Vito Priante dans l’enregistrement d’Alan Curtis. Les ténors ne se sont intéressés que très récemment et avec des bonheurs divers au corpus haendélien (Bostridge, Padmore, Genz, Villazon), mais aucune basse depuis David Thomas, il y a vingt ans déjà, n’y a cherché son bonheur. Avec la sélection, profane et sacrée, gravée par Dietrich Fischer-Dieskau à la fin des années 70 (en réalité six airs de basse et quatre airs d’alto transposés), indisponible en CD, le tour d’horizon est déjà complet !

 

Il ne faut pas mésestimer les cantates, dans lesquels Haendel puise volontiers la matière de ses opéras, mais enfin comment se rassasier avec Dalla guerra amorosa ou un air isolé d’Apollo e Dafne quand Nell’africane selve, autrement spectaculaire et jouissive, manque à l’appel ? La période italienne de Haendel, pourtant si inventive, n’est représentée que par la figure de Claude (Agrippina). Si l’extraordinaire Polyphème passe à la trappe (Aci, Galatea e Polifemo), c’est sans doute parce qu’avec son ambitus démentiel, il frôle les limites du chantable comme l’écrit Olivier Rouvière. Comprenons qu’il excède celles de Lorenzo Regazzo, lequel évite aussi d’ailleurs les sauts de registre vertigineux qui pimentent la partie de Varo dans Ezio et le « Sibillar gli angui d’Aletto» d’Argante dans Rinaldo. Superbe (re)découverte, par contre, que l’air d’ombre « Gelido in ogni vena » de Cosroe (Siroe), sur les mêmes vers de Métastase qui inspirèrent à Vivaldi le sublime lamento de Farnace popularisé par Cecilia Bartoli, mais aussi magnifiquement interprété dans sa tessiture originale par Lorenzo Regazzo (récital Naïve). Sur un ostinato glaçant se déploie une modulation libre (fa dièse mineur – mi majeur – ut dièse mineur – si majeur) dont sourd l’angoisse, le remords et la colère dévorant un père qui vient de condamner à mort son propre enfant. Mais alors que les extraits d’opéras semblent privilégier la psychologie sur la virtuosité, il nous faut encore déplorer l’absence, inexplicable, d’une figure magnifique comme le Roi d’Ecosse dans Ariodante, déchiré entre le devoir et l’amour paternel. Cette anthologie de la basse haendélienne, disparate et inégale, laisse décidément un goût de trop peu. Qui ne sacrifierait les ouvertures d’Alcina et de Siroe pour approfondir les portraits à peine esquissés de Boschi et Montagnana ? Sans parler des grands interprètes de l’oratorio, les Wass, Reinhold et autre Champness.

 

Le récital Vivaldi de Lorenzo Regazzo avait fait forte impression et généré des attentes que déçoivent aujourd’hui la tiédeur et la monotonie où s’enlise ce nouveau disque. La basse italienne a pourtant su se montrer nettement plus incisive et impliquée, subtile également. En l’occurrence, Regazzo demeure sur son quant-à-soi et ne prend aucun risque, comme s’il comptait sur la seule séduction de son timbre, sombre et profond. Une oreille distraite s’en contentera, celle qui guette l’urgence dramatique, la vérité d’un accent ou une perspective inédite et personnelle se lassera vite. Que l’artiste reste à la surface des notes et exploite si peu le formidable potentiel des reprises nous échappe d’autant plus qu’il l’entrevoit et l’évoque en termes pénétrants: la spécificité de l’art musical de Haendel nous invite à regarder au-delà : s’il s’agit d’une aria di tempesta ou di furore, d’un lamento ou d’une aria d’ombra, la répétition immanquable du da capo devient alors un moment privilégié de mutation, d’introspection et de « vérité » théâtrale, à la faveur de laquelle le personnage bascule dans une réalité contradictoire, nébuleuse, pour ne pas dire « névrotique ». En l’occurrence, le théâtre ne surgit que dans la farce (Serse) et le récitatif extrêmement animé de Claude et Poppée (Agrippina), les gémissements et les cris étouffés de la fluette Bertagnolli lorgnant un peu trop d’ailleurs vers le mélo italien.

 

Sur scène comme en concert, Lorenzo Regazzo nous avait habitué à mieux, beaucoup mieux.Un autre chef aurait sans doute réussi à le stimuler là où Alessandrini se contente de l’accompagner avec désinvolture. Si le Concerto italiano livre une performance irréprochable, techniquement parlant, son chef plante sommairement le décor et se complaît trop souvent dans la demi-mesure, une mollesse particulièrement exaspérante dans les pages les plus brillantes (« Sorge infausta ») et surtout fatale au drame (« Gelido in ogni vena »). On l’aura compris, il ne faut pas compter sur lui pour explorer la richesse des climats et prendre part à la révélation de ces pulsions intérieures, de ce sous-texte que Lorenzo Regazzo affirme découvrir dans la musique de Haendel.

 

Tous nos espoirs convergent désormais vers le tandem D’Arcangelo/Sardelli, annoncé fin septembre chez DG, dans un programme autrement gourmand. Ceux qui, comme nous, ont son Bajazet, son Roi d’Ecosse dans l’oreille en salivent déjà !

                                                                                             

Bernard SCHREUDERS

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Regazzo-4

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Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759) : Arie per Basso
Lorenzo Regazzo
Siroe
1. Ouverture
2. Recitativo Cosroe: “No, io per sua pena”
3. Aria Cosroe: “Se il mio paterno amore”
4. Recitativo Cosroe: “Ove son ? Che m’avvenne ?”
5. Aria Cosroe: “Gelido in ogni vena”
Orlando
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7. Aria Zoroastro: “Sorge infausta una procella”

Agrippina
8. Aria Claudio: “Pur ritorno a rimirarvi”
9. Recitativo Claudio, Poppea: “Ma, o ciel, mesta e confuse”
10. Arietta Claudio: “Vieni, o cara”
Serse
11. Recitativo Elviro: “Me infelice…”
12. Arietta Elviro: “Del mio caro Bacco amabile”
Alcina
13. Ouverture – Musette – Menuet
14. Aria Melisso: “Pensa a chi geme”
Tamerlano
15. Aria Leone: “Amor da guerra e pace”
Cantata Dalla guerra amorosa
16. Recitativo: “Dalla guerra amorosa”
17. Aria: ”Non v’alletti un occhio nero”
18. Recitativo: ”Fuggite, si fuggite ! ”
19. Aria: ”La bellezza è com’un fiore”
20 Finale: ”Fuggite… a chi servo d’amor”
Cantata Apollo e Dafne
21. Recitativo: ”Placati alfin, o cara”
22. Aria Apollo: ”Come rosa in su la spina”

Lorenzo Regazzo, basse
Gemma Bertagnolli, soprano (9)
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Rinaldo Alessandrini, direction

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1 CD NAÏVE OP 30472 – 58’

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