Un récital qui traverse mélodies françaises et chants hispaniques, mais pourquoi pas ? Marina Viotti, voix veloutée, d’une sensualité folle, et dotée de beaux graves, est ici accompagnée du guitariste Gabriel Bianco. Ils revisitent pour nous sur un mode intime et familier Gabriel Fauré, Massenet, mais aussi Léo Ferré et Jacques Brel pour la partie septentrionale du voyage. Il se poursuit sous un soleil panaméen ou cubain, et les boléros touchent aussi au coeur en chantant toujours l’amour malgré ses complications et autres déceptions.
Dans ce programme, les accents d’Isolina Carrillo (ah les « te adoro » de la mezzo !), les accords de Carlos Eleta Torroba, sans oublier l’amour sauvage des Siete Canciones (proches du Cante jondo) de Falla, ou le « Quiero » d’Inès Halimi s’harmonisent parfaitement avec les œuvres d’autres compositeurs plus classiques. Les arrangements de Gabriel Bianco sont magnifiques et le musicien est moins accompagnant qu’actant. Tandis que la chanteuse se joue avec assurance des frontières entre techniques, styles et époques comme à son habitude, son tempérament de feu est donc bien servi et nous offre une chaude traversée de divers états amoureux en une version jusqu’ici inouïe – puisque la plupart de ces duos voix-guitare sont enregistrés pour la première fois.
Liedersängerin ou interprète façon cabaret français, tout sied à Marina Viotti.