L’honnêteté la plus élémentaire nous amènera à admettre, sans chichi, que le programme de ce disque ne révolutionne ni la recherche, ni la musicologie, ni – à plus forte raison – la recherche musicologique. Dans la gamme des récitals pour ténor, le programme d’airs sacrés tient le dessus, à égalité avec les chansons napolitaines et les airs de Noël (ah, Petit Papa Noël par Tino Rossi !) On ne comprend pas précisément à qui l’exercice s’adresse en priorité : au zélateur fanatique de l’artiste, à la ménagère • homme au foyer de moins de cinquante ans ? Aux dévots ?
Découvert il y a une vingtaine d’années alors qu’il sortait à peine de l’adolescence (la carrière de Joseph Calleja débute avec le siècle), le critique de Forumopera se souvient d’un jeune homme plein d’ardeur, taillé pour le belcanto romantique, avec cette voix belle et claironnante soutenue par un vibrato rapide, signature identitaire de l’artiste. Deux décennies plus tard, ses qualités restent plus ou moins les mêmes.
Musicien délicat aux talents de coloriste (dans la gamme pastel), Calleja sait aussi éviter les écueils à travers une série de loopings vocaux, colorant un grave un peu chiche, dosant des aigus trop francs qu’il donne avec une éteinte prudence. On sortirait volontiers la carte jaune pour l’aigu conclusif de la plage introductive qui relève plus de l’art de la haute-contre à la française que du ténor méditerranéen full options, mais l’ensemble est d’une grande probité. Certaines pages volent très haut, comme le Pietà, signore ou le Cujus Animam à l’aigu glorieux.
L’Orchestre Symphonique de Malte et Sergey Smbatyan s’acquittent très honorablement de leur part du travail, dans un répertoire où personne, sinon le ténor, ne risque le burn-out.