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14 mai 1923 : A perfect failure

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14 mai 2023
The Perfect fool de Gustav Holst a 100 ans

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C’est un peu après avoir créé ses fameuses Planètes, en 1916, que Gustav Holst se lance dans la composition du septième de ses neuf opéras. Nous sommes à la toute fin de la Première Guerre mondiale, à laquelle le compositeur n’avait pu participer, à son grand regret, ayant été réformé. Tout juste peut-il, en 1918 et seulement après avoir changé son nom (il était né Gustav von Holst, d’ascendance allemande, ce qui n’est alors pas du meilleur effet) en Gustav Holst, partir pour Salonique où stationnent des troupes britanniques pour y superviser les activités musicales du YMCA.

Pour ce septième opéra, Holst demande à Clifford Bax, frère du compositeur Arnold Bax, véritable écrivain-à-tout-faire et ami de longue date, de lui produire un livret. Mais Bax refuse. Holst décide donc de rédiger lui-même le texte d’un conte, The Perfect fool, qui raconte l’histoire d’une princesse si belle qu’on dit que quiconque croise son regard en tombe instantanément amoureux… Un sorcier rabougri à qui ce phénomène est arrivé, pas trop sûr de ses pouvoirs naturels de séduction, décide de la conquérir grâce à un philtre d’amour qu’il concocte en invoquant les éléments (ce qui donne lieu à un ballet introductif dans la partition, dont il est commun de considérer qu’il s’agit du meilleur de celle-ci). Il devait savoir que depuis Tristan et Isolde en passant par l’élixir de Nemorino, la recette marche plus ou moins bien. Et comme il est aussi méchant que laid, il se dit qu’il s’en sortira encore mieux s’il élimine la concurrence… Gare aux hommes qui s’approcheraient de la princesse ce jour où elle doit choisir un époux. Et de fait, il raconte ses plans à une vieille femme qui passe par là. Or, elle a un fils, un peu idiot (un fool, quoi), qui passe son temps à dormir. Mais lorsqu’il ouvre les yeux, son regard est si intense qu’une prophétie affirme qu’il permettra au garçon de conquérir une belle et d’éliminer un ennemi. Plus rusée que le sorcier, la mère du jeune homme cache ce dernier tandis que le sorcier lui montre son élixir. Evidemment, dès qu’il a le dos tourné, la mère remplace le précieux breuvage par de l’eau et garde la potion pour son fils, qui la boit. La princesse arrive, très pressée de rencontrer son futur mari. Le sorcier s’avance, sûr de son fait, mais il se fait rabrouer et éconduire séance tenante, surtout lorsqu’il se met à chanter pour l’amadouer. Suivent un trouvère orgueilleux (pastiche de celui de Verdi) qui échoue à chanter plus aigu que la princesse,  et un voyageur (pastiche du Wotan wagnérien), qui n’a pas davantage de succès et qui sort sur une parodie du Crépuscule des dieux

Pendant ce temps, le sorcier met la ville à feu et à sang pour se venger, tandis que la mère amène son fils à la princesse. Le coup de foudre attendu frappe cette dernière, qui demande à épouser le jeune homme lequel, la toisant, répond simplement : non… Le sorcier est réduit en cendres, on couronne néanmoins le jeune homme en tant que prince mais il s’endort pendant la cérémonie… et tout finit comme cela.

Holst met quatre bonnes années à achever cet opéra comique aux grosses ficelles, qui dure à peine une heure. À l’issue de la première, voici tout juste cent ans, à Covent Garden sous la direction d’Eugène Goossens, le public est quelque peu décontenancé. Il n’a pas bien compris cette drôle d’histoire censée être une histoire drôle sur une musique dramatique à souhait. Tant et si bien que certains cherchent à lire le sous-texte : la princesse serait l’art lyrique et l’idiot le public britannique. Mais ni Holst ni rien, ni personne, ne corroborera jamais cette analyse. L’œuvre ne tombera pas pour autant dans l’oubli, car si l’opéra en lui-même n’est plus guère joué, le ballet qui l’ouvre l’est davantage, en raison de la richesse de son invention.

Voici un extrait de cette œuvre rare, avec la scène du trouvère, faussement verdienne à souhait !

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