Le Saarländisches Staatstheater propose une impressionnante programmation annuelle, alternant les styles et les univers parfois du jour au lendemain. Ainsi c’est Traviata qui nous régale ce soir, avant une création contemporaine, Ophélia, demain, ou encore une comédie musicale, Hair, dans deux jours et un concert symphonique pour terminer la semaine en beauté. Avec un tarif de première catégorie autour de cinquante euros, la qualité des propositions laisse pantois.
La mise en scène de l’opéra de Verdi, n’est ni novatrice, ni nouvelle – elle date de 2018. Ben Baur choisit un classicisme épuré qui installe les personnage à l’époque de la création de l’œuvre. Une discrète évocation des quatre saisons scande les actes et l’étiolement de Violetta du printemps à l’hiver. Les très belles lumières de Patrick Hein constituent un défi lorsque l’on sait que le plan de feu change chaque soir avec le programme proposé. Elles subliment les éléments de scénographie tout comme les superbes costumes d’Uta Meenen où une attention particulière est accordée aux harmonies de couleurs sourdes et à la sensualité des matières (cuir, velours, astrakan…).
Cet écrin visuel sublime l’excellent plateau scénique où brillent particulièrement les trois principaux protagonistes du drame :
Valda Wilson est une merveilleuse Traviata à la belle assise, large et stable, aux coloratures souples toujours motivées par une émotion dont elle déroule la gamme des couleurs et des saisons avec brio. Car, de « Sempre Libera » à « Addio del Passato » elle dose lyrisme comme retenue avec une suprême élégance et une remarquable expressivité.
La soprano forme un couple idéal, intense, habité, avec Sungmin Song, magnifique Alfredo au timbre plein et généreux, tout en rondeur sensuelle, à la ligne mélodique limpide qui s’impose dès son brillant « Libiamo ».
Comme souvent chez Verdi le rapport au père est crucial. Peter Schöne fait honneur à Germont avec une incarnation pleine de noblesse au souffle long, aux graves charpentés que mettent en valeur une excellente diction.
Le reste du plateau scénique est à l’avenant, Vera Ivanovic est une impeccable Annina, tout comme la Flora de Judith Braun, le Baron Douphol de Stefan Röttig ou le Marchese D’Obigny de Markus Jaursch.
Le chœur des Saarländischen Staatstheaters se révèle présent, puissant, même si la diction italienne se perd un peu par moment. Le Saarländische Staatsorchester est dirigé d’une baguette énergique et pleine d’allant par Justus Thorau, jeune chef résident à Sarrebrück depuis cinq ans. Toujours au service des chanteurs, il sait donner souffle et transparence à l’orchestre jusque dans la plus grande délicatesse à l’exemple de l’ouverture du troisième acte.
Un spectacle que vous pourrez encore applaudir les 30 juin, 8, 13 et 16 juillet.