Dans son numéro du jeudi 6 juillet 2023, le journal La Provence (édition de Marseille) tire la sonnette d’alarme quant à la situation de l’Opéra, à statut municipal, rappelons-le. Le titre de l’article, « L’Opéra municipal à la dérive », donne le ton. Le journal s’est en effet procuré le rapport de 60 pages que la Chambre Régionale des Comptes a rédigé et qui concerne les exercices courant entre 2016 à 2022.
Le premier grief concerne le coût que représente la gestion de l’Opéra qui emploie plus de 350 agents et génère des dépenses de fonctionnement de 20 millions d’euros. Mais l’absence de comptabilité analytique rend impossible la transparence des comptes. Les bâtiments sont dans « un état de délabrement avancé » et créent des conditions de confort qui rendent impossibles des augmentations de tarifs jugés « bas ». Impossible aussi de connaître le temps de travail des 350 agents municipaux de l’opéra (plus l’engagement de plus de 80 intermittents) dont 87 musiciens permanents ; sont prévus pour chaque musicien 300 « services » par an, or la réalité est qu’une violoniste en exécute 201 et un corniste 117… Ce qui permettait, en septembre 2022, à 12 musiciens d’exercer « un autre emploi à temps complet comme professeur au sein d’un conservatoire ».
Pire, le rapport de la CRC pointe l’absence de tout « projet stratégique », et celle de bilan annuel permettant de retracer l’activité de la maison. Dernière anecdote : pour chaque spectacle une quarantaine de billets gratuits, non nominatifs et sans contrôle sont édités et envoyés à des autorités (maire, cabinet, adjoints, Conseil départemental, préfet…) sans guère de discernement.
L’Opéra de Marseille, qui propose une belle saison 2023-24, n’avait sans doute pas besoin de ce pavé dans la mare.