L’Harmattan a publié au début de cet été 2023 les communications du colloque international organisé par l’Association Européenne François Mauriac et sa directrice Nina Nazarova, et qui s’est tenu au Conservatoire Giovan Battista Martini de Bologne, les 24 et 25 juin 2022, sur le thème « Air et Ecritures, sous les regards croisés d’Euterpe et de Thalie ».
Les liens éternels entre littérature et musique y sont sondés, depuis les premiers psaumes, les messes chantées, les chants funéraires, le théâtre tragique (Lully, Verdi), les œuvres comiques (Mozart, Rossini).
Les contributions qui concernent de près ou de loin, mais surtout de loin l’œuvre littéraire de Mauriac (qui se disait « musicalement illettré et incapable de déchiffrer la partition la plus légère »), et que Philippe Sollers considérait comme « la meilleure oreille de son temps », seront d’inégal intérêt selon qu’on s’intéressera à la littérature ou à la musique en général et à l’art lyrique en particulier, somme toute très peu concerné par ces actes.
On lira avec intérêt la réflexion de Yarina Tarasyuk sur la composante musicale dans les premiers romans de Mauriac (« Maman chantait des airs célèbres du Tannhäuser de Wagner, elle ne craignait pas d’interpréter dans l’église le célèbre air d’Elizabeth »), ou celle de Oxana Dubnyakova sur « Le thème musical dans le Journal de François Mauriac ». Elle considère la seconde partie de ce Journal comme « l’apothéose de la musique ». Dans ses Mémoires Politiques, Mauriac nous introduit à la représentation de Tristan et Iseut le 29 mai 1934 à l’Opéra de Paris sous la direction de Wilhelm Furtwängler : « Au-dessus de la cuve obscure où naît la musique de Tristan, Furtwängler tourne sa fine petite tête de serpent sacré : le serpent charmeur d’hommes ».
Dans ces mêmes Mémoires Politiques, Mauriac s’embrase : « La musique de Don Juan éclaire notre destin d’une lumière si pure et si terrible qu’au soir de la représentation, un soir, à Salzbourg, beaucoup ressentaient la peur de Dieu pour la première fois de leur vie… »
Monique Grandjean analyse plus généralement le rapport de Mauriac à la musique et sa fascination pour Mozart. Sa contribution, intitulée « Parole et Musique, le chant de l’Homme » développe l’éternelle question de la prééminence entre texte ou musique.
Dans « La nuit entre musique et littérature », Patrizia Prati relie habilement la sémantique de la phrase musicale et la musicalité des vers poétiques à l’exemple du Nocturne.
D’autres contributions recèlent des analyses originales sur les liens que Pascal Quignard ou Milan Kundera entretiennent ou ont entretenu avec la musique.