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Echo – Georg Nigl & Olga Pashchenko

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CDSWAG
16 août 2023
Eloge de la retenue, habitée

Note ForumOpera.com

5

Infos sur l’œuvre

Détails

Echo

Georg Nigl, baryton

Franz Schubert

Viola (Franz von Schobert), D 786

Der Vater mit dem Kind (Bauernfeld), D 906

Carl Loewe

Erlkönig (Goethe), op 1 n°3

Die wandelnde Glocke (Goethe), op 20 n°3

Graf Eberstein (Uhland), op 9 cahier 6 n°5

Hinkende Jamben (Rückert), op 62 n°5

Süsses Begräbnis (Rückert), op 62 n°4

Der Zauberlehrling (Goethe), op 20 n°2

Robert Schumann

Fünf Lieder für eine Singstimme und Klavier (trad. du danois par Chamisso et Georg Nigl), op 40

Carl Loewe

Odin’s Meeres-Ritt oder Der Schmied auf Helgoland (Aloys Schreiber), op.118

Hugo Wolf

Der Geister am Mummelsee (Mörike)

Zitronenfalter im April (Mörike)

Auf ein altes Bild (Mörike)

Der Rattenfänger (Goethe)

Der Feuerreiter (Mörike)

 

Georg Nigl, baryton

Olga Pashchenko, piano, pianoforte

 

1 CD Alpha (934) de 76′ 53  enregistré en février 2022 à Bonn, Beethoven-Haus

C’est le second album que publient ensemble nos deux artistes (Essentielles vanités). Ils ont fait cette fois encore le choix, judicieux, de deux pianos contemporains des œuvres programmées : une copie d’un Conrad Graf (1826), et un Steinway de 1875, plus proche de nos instruments. Il en résulte des couleurs, un équilibre idéal avec la voix, d’autant que le jeu d’Olga Pashchenko sert merveilleusement chacun des compositeurs. L’articulation, les phrasés, les nuances, et une complicité de tous les instants avec le chanteur suffiraient à nous convaincre. La puissance et la grâce.

On connaît et apprécie le baryton autrichien, ancien petit soliste des Wiener Sängerknaben, qui illustre avec un égal bonheur les répertoires les plus larges. La voix rayonne, ample, homogène et libre, d’une suprême aisance. Georg Nigl allie le sens du phrasé, la noblesse de la ligne et la clarté de la diction, pour la plus large palette expressive, où la lumière et la gravité sont traduits avec une vérité touchante. Le chant est habité et le souffle n’est pas seulement physique.

De Schubert, Viola n’est pas à proprement parler un lied, mais bien une ample ballade dramatique, rythmée par le retour de la chanson initiale. Ses épisodes enchaînés sont d’une richesse harmonique, métrique, vocale comme instrumentale, qui renouvelle l’expression propre à chacune des strophes du poème de l’ami Schober. C’est le choc, qui jamais ne se démentira : alors que toutes les versions connues, y compris des plus grands, sentent l’artifice, juxtaposent les épisodes (1), nous avons ici des interprètes totalement investis, dont la fluidité du propos, le naturel assorti des couleurs les plus justes, nous captivent. Suit, aussi rare, Der Vater mit dem Kind, de l’autre librettiste de Schubert, Bauernfeld. L’une des plus belles berceuses est prise ici dans un tempo très retenu, qui permet de restituer les inflexions vocales, trop souvent bâclées, avec un texte dit avec justesse, soutenu par un piano-forte magnifique, aux nuances subtiles (les una corda, le triple piano final…). Ces deux pièces, à elles-seules, justifieraient l’acquisition de l’enregistrement.

Bien involontairement, Schubert a renvoyé dans l’ombre son contemporain, Carl Loewe, dont nos duettistes se font les meilleurs avocats, au travers de sept lieder ou ballades. Ainsi son Erlkönig, composé trois ans après celui de Schubert (2), apparaît comme l’amplification dramatique de la version du premier. Les similitudes sont manifestes comme la singularité d’invention de Loewe. La puissance, la véhémence, la progression, le dialogue sont servis par une intelligence et des moyens hors du commun. La voix, sans pathos ajouté, et le piano, aussi merveilleux l’une que l’autre, conduisent l’émotion. Entre les pièces légères, souriantes (Die wandelnde Glocke), chargées d’humour (Hinkende Jamben), l’émotion contenue (Süsses Begräbnis) et les ballades narratives, qui culminent avec die Zauberlehrling, puis Odin’s Meeres-Ritt, nous avons toutes les facettes du génie de Loewe. Ces deux dernières sont puissantes, assorties de superbes progressions, pour aboutir à une vision fantastique, captivante. L’art du conteur, des conteurs serait-on tenté d’écrire, tant le piano y participe, est admirable.

L’opus 40 de Schumann se rencontre peu. Ses cinq lieder sont de la plus belle facture. Citons le Muttertraum, où règne la plénitude de l’amour de la mère contemplant son enfant, ravissant lied qui relève du grand Schumann, austère, concis et émouvant, chanté ici sans afféterie. Les cinq lieder de Hugo Wolf s’achèvent sur le célèbre Feuerreiter, vision terrifiante de la progression d’un incendie, fantastique.

Après avoir réécouté bien des références (4), force est de constater que ce que nous offrent Georg Nigl et Olga Pashenko est sans équivalent. Outre les qualités propres à chacun des interprètes, outre le recours à des claviers d’époque, le choix interprétatif se signale par une appropriation absolue des textes, déjà, et par leur illustration la plus juste, entendons par là par une réserve, une retenue des passages lents, qui nourrissent une dynamique constante, des progressions inouïes. Impossible de taire l’enthousiasme que suscite cette écoute. Cette réussite parfaitement aboutie renvoie nos références à l’état de témoignages. Pour expliciter le titre, une simple observation : l’addition des minutages des mêmes œuvres chantées par Dietrich Fischer-Dieskau (le plus souvent avec Jörg Demus) accuse un quart d’heure de différence pour ce programme (3). Ceci serait anecdotique si nous n’étions captivés tout au long de cette passionnante et émouvante écoute. L’éblouissement.

(1) Plus de 15 minutes de ravissement, fascinant, qui paraissent bien plus courtes que les 12 ou 13 de la plupart des versions connues…
(2) Mais qui ne sera publié qu’en 1821, trois ans après la composition de Loewe.
(3) 62 minutes 11 pour le premier, 76 : 53 pour ce CD. La polémique sur les minutages de Toscanini et Furtwängler dans la IXe de Beethoven, il y a plus de soixante ans, renvoie aux mêmes approches. La dynamique ne relève que fort peu du tempo. Ici, les « geschwind » [rapidement], « schnell », « rasch » [vite, rapide] ne sont pas moins entrainants que ceux des autres versions.
(4) Sans être exhaustif : Hotter, Greindl, Fischer-Dieskau, Prey, Goerne, Hampson, sans oublier les voix féminines.

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Georg Nigl, baryton

Franz Schubert

Viola (Franz von Schobert), D 786

Der Vater mit dem Kind (Bauernfeld), D 906

Carl Loewe

Erlkönig (Goethe), op 1 n°3

Die wandelnde Glocke (Goethe), op 20 n°3

Graf Eberstein (Uhland), op 9 cahier 6 n°5

Hinkende Jamben (Rückert), op 62 n°5

Süsses Begräbnis (Rückert), op 62 n°4

Der Zauberlehrling (Goethe), op 20 n°2

Robert Schumann

Fünf Lieder für eine Singstimme und Klavier (trad. du danois par Chamisso et Georg Nigl), op 40

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Odin’s Meeres-Ritt oder Der Schmied auf Helgoland (Aloys Schreiber), op.118

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Zitronenfalter im April (Mörike)

Auf ein altes Bild (Mörike)

Der Rattenfänger (Goethe)

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