Les plus fidèles de nos lecteurs se souviennent des « ana-chroniques » d’André Peyrègne, qui ont diverti nos heures mornes en temps de confinement. Faute de spectacles vivants à relater, le chef d’orchestre, musicologue, conférencier, journaliste et ancien directeur du Conservatoire de Nice rendait compte, comme s’il y était, de la création des chefs d’œuvre du répertoire : Don Giovanni, Fidelio, Werther, etc.
Ses mêmes talents de conteurs trouvent aujourd’hui à s’exercer dans les Petites histoires de la grande musique. En quelque trois cents pages et treize chapitres, défilent par ordre chronologique une centaine d’historiettes autour des grands compositeurs et de leurs œuvres. Un index en fin de volume les inventorie. Du Scipione de Cavalli à Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch, l’opéra s’y taille la part du lion. Le genre lyrique sait mieux qu’un autre attiser les passions et attirer les scandales propres à susciter les anecdotes dont André Peyrègne nous régale. Les plus apocryphes d’entre elles ne sont pas forcément les moins distrayantes.
Nul besoin de connaître sur le bout des doigts son Rebatet* pour en goûter le sel. En bon pédagogue, l’auteur a soin de replacer son sujet dans son contexte et dans le même temps de rafraîchir les mémoires – voire d’instruire. Ainsi, s’entrevoient par le petit bout de la lorgnette plusieurs siècles de créations musicales que de judicieux conseils d’écoute, après chaque récit, invitent à éprouver.
* Lucien Rebatet (1903-1972), écrivain et journaliste musical français, auteur d’une Histoire de la Musique publiée en 1969, qui s’est longtemps posée en référence