Thomas Hengelbrock et son Balthasar Neumann annoncent pour le label Prospero l’enregistrement en première mondiale de la version originale de Cavalleria rusticana, telle qu’envisagée par le compositeur avant les changements demandés lors de la création de l’opéra à Rome le 17 mai 1890. Cette version avait été donnée en concert à Baden-Baden l’année dernière.
En novembre 2022, « Cavalleria rusticana » de Pietro Mascagni a été donné en concert au Festspielhaus de Baden-Baden dans la version originale voulue par le compositeur. Thomas Hengelbrock et son ensemble Balthasar Neumann en furent les initiateurs et les interprètes. Aujourd’hui, le célèbre opéra est enregistré sur Prospero en première mondiale : des passages raccourcis ont été réintroduits et certains rôles de chanteurs ont été replacés dans leurs tessitures originales. Le résultat de ce travail de recherche a été publié cet automne par la maison d’édition Bärenreiter.
L’histoire passionnante de la création de l’opéra en un acte le plus connu du vérisme remonte à 1888 : le jeune Pietro Mascagni a présenté sa « Cavalleria rusticana » à l’éditeur milanais Edoardo Sonzogno dans le cadre d’un concours d’opéras en un acte, et il est parvenu à la finale. Cependant, dès les répétitions du concert final, on lui suggéra de procéder à des modifications et à des coupes. Celles-ci concernaient aussi bien les parties de Santuzza que de Turiddu, qui ont été transposées dans un registre plus grave. Différents passages du chœur furent aussi victimes de coupures. Bien que Mascagni ait remporté le concours avec cette version et que la pièce ait connu un succès mondial en l’espace de quelques années, les coupures ont perturbé la composition globale de l’opéra. De plus, de nombreuses parties de chœur très difficiles et très attrayantes par leur imbrication contrapuntique et leur densification chromatique ont été supprimé.
Avec le concert et le présent enregistrement en première mondiale, « Cavalleria rusticana » se présente sous un jour nouveau : la célèbre scène d’église, désormais plus haute d’un ton, se déploie sans être raccourcie dans des proportions organiques et peut désormais véritablement briller d’un éclat céleste en la majeur (au lieu de sol majeur). Santuzza peut à nouveau lancer son « Ah ! L’amor ! » vers l’ »Alleluia » du chœur. Et dans « Brindisi », la grande chanson à boire juste avant la fin de l’opéra, Mascagni avait même supprimé 89 mesures (sur 203) au chœur qui résonnent maintenant à nouveau. Les voix s’entrecroisent de manière très exigeante et virtuose et se balancent en une véritable bacchanale – une danse vocale sur un volcan, que le chœur Balthasar Neumann réalise avec une précision impressionnante.
Le rôle de Santuzza a été interprété à Baden-Baden et sur le présent enregistrement en première mondiale par la soprano Carolina López Moreno, qui a été saluée sans exception comme une « véritable découverte » (Süddeutsche Zeitung). La jeune chanteuse de Stuttgart se produit actuellement dans de grands rôles en Italie et en Belgique. Sa contrepartie est le ténor italien Giorgio Berrugi dans le rôle de l’infidèle Turiddu, que l’on peut également entendre régulièrement sur les grandes scènes européennes dans des rôles de spécialistes.
Comme autrefois leur homonyme, le grand architecte baroque Balthasar Neumann, le chœur Balthasar Neumann et l’orchestre Balthasar Neumann, fondés tous les deux par Thomas Hengelbrock, représentent une pratique musicale innovante, globale et transcendant les époques. En 2013, le premier « Parsifal » interprété au plus proche du son originel présenté au Konzerthaus de Dortmund a fait sensation au niveau international. Thomas Hengelbrock et ses musiciens se produisent dans les salles de concert les plus prestigieuses d’Europe, comme le Théâtre des Champs-Élysées à Paris, le Palau de la Música Catalana à Barcelone et le Konzerthaus à Dortmund. Ils participent régulièrement à des productions d’opéra au Festspielhaus de Baden-Baden, au Festival d’Aix-en-Provence, au Festival de Salzbourg, au Teatro Real de Madrid et actuellement avec « La Cenerentola » de Rossini au Théâtre des Champs Elysées. La prochaine étape en Allemagne sera à nouveau le Festspielhaus de Baden-Baden, où l’on pourra découvrir « Werther » de Massenet avec Jonathan Tetelman dans le rôle-titre lors du festival « La Grande Gare ».