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DVORAK, Rusalka – Bordeaux

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Spectacle
11 novembre 2023
Rendez-vous en bord de piscine

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes
Musique d’Antonin Dvořák
ivret de Jaroslav Kvapil basé sur les contes de Karel Jaromír Erben et de Božena Němcová

Création à Prague le 31 mars 1901

Détails

Mise en scène, scénographie, costumes
Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeil

Lumières
Rick Martin

Vidéo
Pascal Boudet et Thimothée Buisson

 

Rusalka
Ani Yorentz

Le Prince
Tomislav Mužek

La Princesse étrangère
Irina Stopina

Vodnik
Wojtek Smitek

Ježibaba
Cornelia Oncioiu

Première Nymphe
Mathilde Lemaire

Deuxième Nymphe
Julie Goussot

Troisième Nymphe
Valentine Lemercier

Le garçon de cuisine
Clémence Poussin

Le garde forestier / Le chasseur
Fabrice Alibert

 

Ballet de l’Opéra Grand Avignon

Chœur de l’Opéra National de Bordeaux

Chef de chœur
Salvatore Caputo

Orchestre National Bordeaux Aquitaine

Direction musicale
Domingo Hindoyan

 

Grand Théâtre de Bordeaux, vendredi 10 novembre 2023, 20h

Rusalka est entré tard au répertoire des théâtres français (1982 à Marseille) ; il a fallu attendre cette saison pour que le Grand Théâtre de Bordeaux fasse à l’ondine mystérieuse les honneurs de ses lustres. C’est donc chose faite avec cette co-production (Marseille, Nice, Avignon, Toulon) due à Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeil, et déjà chroniquée en Avignon. Le prérequis indispensable pour apprécier ce spectacle consiste à faire son deuil de toute la poésie du conte qui en est à l’origine. Jaroslav Kvapil, jeune écrivain tchèque et futur directeur du Théâtre National à Prague avait écrit un texte, que Dvořák allait reprendre quasiment tel quel, à l’occasion d’un de ses voyages à l’île de Bornholm, au pays d’Andersen. Les contes quelque peu fantastiques d’Erben et de Božena Němková avaient fortement impressionné le jeune poète qui eut l’idée de cette ondine Rusalka qui rêve de découvrir l’amour des hommes.

Mais ici, point de lac mystérieux, de sorcière, de bois enchantés, de princesse étrangère, d’esprit des eaux. A la place un fond de piscine vidée de son eau, les gradins pour les spectateurs, des nageuses de natation synchronisée, dont l’héroïne elle-même, l’entraîneur bourru (Vodnik en l’occurrence) qui tient plus de Michel Polnareff ou de Philippe Lucas (l’entraîneur de Laure Manaudou) que de l’esprit des eaux, et enfin une femme de ménage en guise de sorcière. Le tout assorti de projections vidéos constantes qui illustrent le propos (parfois lourdement comme à l’entame du deuxième acte où nos jeunes nageuses sont filmées se préparant à entrer dans l’eau et expliquant  en voix enregistrées combien il leur pèse de devoir se faire belles avant chaque compétition).

Dit comme ça, il n’est pas sûr que cela donne envie, et pourtant ! Une fois fait abstraction de l’histoire originelle et si l’on accepte d’entrer dans celle, parallèle en quelque sorte, voulue par les deux metteurs en scène, on découvre un projet intéressant et plutôt dans l’air du temps, consistant à dévoiler les dessous des sports de haute compétition et particulièrement pour les jeunes femmes. La compétition, le devoir de perfection, l’injonction à la féminité, la violence, l’influence, l’emprise (le Prince ici est le propriétaire du club et va quasiment violer Rusalka sur le bord du bassin), autant de travers savamment mis en scène dans une histoire qui se tient d’un bout à l’autre. En voici un rapide digest : Rusalka veut quitter le milieu d’ultra compétition ; amoureuse du propriétaire du club, elle se fait conseiller par la femme de ménage (Ježibaba), donne rendez-vous au jeune homme au bord de la piscine mais se fait violenter par lui. Celui-ci la délaisse très vite pour la princesse étrangère qui le quitte tout aussi rapidement. Voulant séduire à nouveau Rusalka (acte III), il se fait harponner (!) par celle-ci et meurt peu glorieusement.

Les décors ultra réalistes des metteurs en scène (on est loin de l’univers fantastique de Stefano Poda) sont très habilement utilisés et servent un jeu d’acteurs probant et, au final, contribuent à une démonstration efficace et finalement convaincante du propos.

                                                                                  © Eric Bouloumié

On retrouve l’orchestre National de Bordeaux Aquitaine dans une belle forme. Le chef vénézuélien Domingo Hindoyan s’implique avec énergie, écoute ses chanteurs. On apprécie la diversité de l’orchestre de Dvorak et particulièrement des bois élégants. La poésie qui manque sur scène resplendit dans la fosse et c’est tellement appréciable.

Le quintette vocal est dans l’ensemble de bonne tenue, avec des nuances à apporter. La soprano arménienne Ani Yorentz Sargsyan remplace Critina Pasaroiu, initialement programmée dans le rôle-titre. La grande instabilité de sa voix rend le jugement délicat. Son entrée fait craindre une puissance insuffisante et il s’avèrera que c’est le bas de la gamme qui pèche. La reprise (piano) de la prière à la lune est presque détimbrée et l’entame du III trop peu chantée. En revanche les forte sont aisés, clairs et le timbre possède de jolis reflets. La technique est donc encore perfectible ; louons en revanche la présence sur scène et un jeu convaincant. Le Prince est tenu par le ténor croate Tomislav Mužek et c’est une belle découverte ; le ténor est clair, lumineux parfois, la descente vers les graves plus incertaine et la projection convient dans une salle aux dimensions limitées comme celle de Bordeaux. La Princesse étrangère fait figure également de belle surprise. Irina Stopina recueillera des applaudissements enthousiastes et mérités. Son entrée au II est particulièrement réussie et spectaculaire, lorsqu’elle parvient à surmonter les flots de l’orchestre. Elle joue magnifiquement les femmes fatales…curieusement affublée d’un bonnet de natation qui sied très peu avec les deux robes de soirées qui la mettent particulièrement en valeur. Vodnik-Polnareff-Lucas est le Polonais Wojtek Smitek qui réussit à nous émouvoir dans son « Běda ! Běda ! » au II. La basse est fournie et solide. Enfin il faut saluer la Ježibaba de Cornelia Oncioiu qui, en guise de sorcière, campe une femme de ménage énergique et à la voix bien placée. Il est important de noter que les seconds rôles n’ont pas été négligés. Il n’y a à dire que du bien de l’engagement et de l’authenticité de Mathilde Lemaire, Julie Goussot et Valentine Lemercier (les trois nymphes) ainsi que de Clémence Poussin et Fabrice Alibert, respectivement cuistot et chasseur. Un coup de chapeau également aux chœurs qui réalisent, sous la direction de Salvatore Caputo, justement salué, un sans-faute dans une langue peu habituelle.

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Musique d’Antonin Dvořák
ivret de Jaroslav Kvapil basé sur les contes de Karel Jaromír Erben et de Božena Němcová

Création à Prague le 31 mars 1901

Détails

Mise en scène, scénographie, costumes
Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeil

Lumières
Rick Martin

Vidéo
Pascal Boudet et Thimothée Buisson

 

Rusalka
Ani Yorentz

Le Prince
Tomislav Mužek

La Princesse étrangère
Irina Stopina

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Wojtek Smitek

Ježibaba
Cornelia Oncioiu

Première Nymphe
Mathilde Lemaire

Deuxième Nymphe
Julie Goussot

Troisième Nymphe
Valentine Lemercier

Le garçon de cuisine
Clémence Poussin

Le garde forestier / Le chasseur
Fabrice Alibert

 

Ballet de l’Opéra Grand Avignon

Chœur de l’Opéra National de Bordeaux

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Orchestre National Bordeaux Aquitaine

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Grand Théâtre de Bordeaux, vendredi 10 novembre 2023, 20h

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