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28 novembre 1983 : Oui, mais il parle aux oiseaux…

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29 novembre 2023

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Au début, il n’avait pas accepté. Olivier Messiaen ne voyait pas trop ce qu’il avait à dire à l’Opéra et il n’en avait jamais écrit auparavant. Le nouveau patron – et quel patron ! – de l’Opéra de Pars, Rolf Liebermann, avait insisté dès son arrivée en 1973 car il voulait aussi mettre la création contemporaine à l’honneur. Comment se passer d’un des compositeurs les plus importants de son temps ? Non, décidément, il fallait que Messiaen acceptât.

Ce dernier, dès lors, réfléchit. Il repense à tout ce fond sonore qu’il a récolté dans la campagne en enregistrant d’innombrables chants d’oiseaux, ce qui constitue un matériau musical d’une inestimable richesse. Et puis vient le déclic, que Messiaen rapporte à sa foi chrétienne : « C’est peut-être mon oeuvre la plus riche, déclarera-t-il à la toute fin de sa vie à propos de son opéra. Une synthèse de mes découvertes musicales, et, ce qui est plus important encore, une tentative d’exprimer ma foi catholique. » La foi, voici tout ce qui structure la vie de Messiaen. C’est elle qui guidera la composition de la gigantesque partition qu’il décide lui-même de consacrer à Saint-François d’Assise, qui lui permet d’organiser une rencontre entre sa foi et sa passion des chants d’oiseaux, dont il est devenu un spécialiste érudit. Pour chacun des dix personnages, il pense à l’un d’entre eux, réservant à Saint François celui de la capinera, petit oiseau à tête noire d’Assise.

Il faudra pas moins de huit ans à Messiaen pour écrire le livret, après avoir étudié en profondeur tout ce qui pouvait l’être sur Saint François, et la partition. Quatre ans chacun. Messiaen prévoit un orchestre gigantesque, et un choeur qui ne l’est pas moins. Mais il n’écrit pas à proprement parler un opéra pour autant. Nulle dramaturgie, ou presque, mais des tableaux où l’on rencontre différents personnages (L’ange voyageur, l’ange musicien, le lépreux…), une sorte de voyage mi-liturgique, mi-humaniste aux confins de la foi et de la nature jusqu’au royaume des Cieux que Saint François rejoint dans une lumière aveuglante.

Voici 40 ans, le pari de Liebermann, qui était parti entretemps, est largement gagné. La création de cette oeuvre gigantesque, wagnérienne dans ses dimensions, moussorgskienne dans sa prosodie, est un immense succès, qui doit beaucoup au créateur de Saint François, José van Dam mais aussi à Seiji Ozawa dans la fosse de l’Opéra Garnier.

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