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Questionnaire de Proust : Mathieu Herzog « Il ne faut jamais dire jamais mais si je pouvais éviter de rediriger le Concerto Madrigal pour deux guitares de Joaquin Rodrigo je n’en serai pas malheureux. »

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Interview
18 décembre 2023
Riche actualité pour Mathieu Herzog et son orchestre Appassionato avec la parution du disque Mer(s).

Infos sur l’œuvre

Détails

 Il s’agit d’un disque important pour l’ensemble car il est le premier du  du label Appassionato.

Mon meilleur souvenir dans une salle dopéra ?
En tant que spectateur, le meilleur souvenir a été Ariane à Naxos à l’opéra Bastille il y a un bon nombre d’années et le choc était principalement musical, avec un opéra que je ne connaissais, à l’époque, pas du tout . Ce fut un coup de foudre colossal. Un autre me revient en mémoire encore de Strauss : Capriccio, mais cette fois-ci au Metropolitan opéra de New York avec Renée Fleming dans le rôle principal. Cette fois je pense que le choc était lié à la qualité incroyable du plateau accompagné par un orchestre merveilleux.

Mon pire souvenir dans une salle dopéra (ou « dans une fosse dopéra ») ?
Dans la fosse c’est une Tosca en Roumanie avec un orchestre plus que moyen, un plateau très inégal et certains chanteurs qui faisaient erreur sur erreur. J’ai même cru que nous n’arriverions pas au bout. J’étais encore un très jeune chef, pas aidé par tout ce qui m’entourait sans même parler d’une mise en scène absurde. Des années après, Simon Rattle, l’un de mes mentors, me disait : « je vais diriger Tosca pour la première fois et je trouve la partition très difficile, tu l’as dirigée je crois, qu’en penses-tu ? » j’ai été obligé de lui répondre que je n’avais jamais rien fait d’aussi difficile mais que je n’étais sûrement pas objectif car je n’avais comme souvenir que cette horrible production. Et pourtant, quelle musique fabuleuse. J’espère le refaire dans de meilleures conditions.

Le livre (/film) qui a changé ma vie ?
Un livre c’est très facile, L’Étranger de Camus. L’un des plus grands choc artistique de mon existence. Un film, très clairement, et il n’y a pas si longtemps : Green book, avec Vigo Mortensen et Mahershala Ali. J’ai trouvé ce film remarquable car il est tout ce que j’aime. Parler d’un sujet dur, difficile à aborder mais avec beauté et hauteur ! Je n’aime pas qu’on me fasse la morale mais j’adore qu’on m’oblige à réfléchir autrement.

Le chanteur du passé que jaurais aimé diriger.
Alors là, c’est une liste, que je vais essayer de réduire : Mirella Freni, Ileana Cotrubaș, Christa Ludwig, Hermann Prey, Sherill Milnes, Mario del Monaco et peut être celui que, sous la torture, j’aurais gardé seul : Fritz Wunderlich.

Mon plus grand moment de grâce face à une œuvre dart.
Cela dépend vraiment des périodes de ma vie, par conséquent encore une fois je dois utiliser plusieurs réponses. La Joconde lorsque j’avais 13 ans, je suis resté devant elle pendant 3 heures alors que mes parents pensaient que j’étais au collège. Vers 20 ans, les Nymphéas de Monet qui sont au Musée de L’Orangerie. Pareil, je pouvais rester assis devant pendant de très longs moments. Ensuite une merveille architecturale totalement différente : Pétra, en Jordanie. Face à cette façade incroyable taillée dans la pierre, je suis resté bouche bée. Et pour finir, il y a seulement 3 semaines, dans La Chapelle Sixtine. J’ai emmené ma fille de 12 ans, qui étudie le latin, à Rome et nous n’avons pas pu ne pas aller voir cette merveille que je n’avais jamais eu le temps de visiter malgré mes nombreux voyages romains. Même si c’est un peu cliché, je n’en reviens toujours pas.

La ville où je me sens chez moi ?
Paris

La ville qui mangoisse ?
Paris 🙂

Ce qui, dans mon pays, me rend le plus fier ?
Aujourd’hui malheureusement pas grand chose mais le système des intermittents est une chose magnifique et unique au monde. Et l’épicurien que je suis ne peut pas oublier la gastronomie, sans parler du vin de Bourgogne.

Le metteur-en-scène dont je me sens le plus proche ?
Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à cette question mais je peux y répondre pour un chef d’orchestre : Semyon Bychkov.

Mon pire souvenir avec un.e chanteur.euse ? (il nest pas obligatoire de nommer la personne)
Pas besoin de la nommer en effet mais c’est une chanteuse italienne célèbre qui faisait tant d’erreurs que j’étais forcé de regarder constamment la partition pour pouvoir la rattraper comme je pouvais. Par conséquent, il n’y avait plus de musique mais de l’acrobatie. Le pire dans tout ça c’est qu’elle est venue se plaindre par l’intermédiaire de son agent que je ne la regardais pas assez. Quelle horreur…

Le chef ou la cheffe qui ma le plus appris en lobservant ?
Alors plusieurs mais quand même, que je n’ai jamais vu en live c’est clairement Carlos Kleiber et en réel ce sont Semyon Bychkov et Simon Rattle.

L’œuvre la plus complexe qu’il m’ait été donné de diriger ?
À apprendre tout d’abord c’est clairement la 9ème symphonie de Mahler et à diriger il y a deux œuvres : la première il s’agit très bizarrement de la 3eme symphonie de Brahms qui peut sembler simple peut-être mais qui est redoutable. Et je n’ai jamais eu satisfaction alors que j’aime cette œuvre énormément, c’est peut-être pour ça. Et même constat pour Carmen que j’aime énormément et que j’ai dirigé dans de mauvaises conditions.

Si je pouvais apprendre un instrument du jour au lendemain, lequel serait-il ?
Pas vraiment de réponse, si peut-être la Harpe.

Un opéra dont jaurais voulu être le créateur ?
Tellement d’opéras, impossible d’en choisir un, je ne peux pas… il y a trop de merveilles que j’aurais voulu pouvoir composer,

Le chanteur du passé dont l’écoute ma le plus appris ?
Wunderlich à nouveau

Le chanteur du présent que je trouve dune générosité rare ?
Sans hésitation Ludovic Tezier.

Mon plus grand moment dembarras ?
Lorsque j’ai confondu un très grand violoniste en le présentant à un ami comme un très grand pianiste….

Si j’étais un personnage de Disney ?
Pourquoi pas Mickey, il est sympa.

Le compositeur auquel jai envie de dire mon cher, ta musique nest pas pour moi?
Je ne vais pas me faire que des amis mais Pierre Boulez

Ma personnalité historique préférée.
Là non plus je ne vais pas me faire que des amis je crois mais Napoleon. Je n’admire pas le guerrier mais l’homme qui a créé le code civil, les lycées, la numérotation des rues l’université le bac etc… cette puissance de travail reste exceptionnelle.

Si l’étais un Lied ou une Mélodie.
J’aimerais être les Dichterliebe de Schumann

Mon pire souvenir historique des 40 dernières années.
L’élection de Donald Trump même si bien sûr il y a eu des horreurs bien plus graves et justement très récemment et je ne veux manquer de respect à personne. Cependant qu’un être aussi abject, vulgaire et imbécile soit élu démocratiquement me rend très triste et pessimiste.

L’œuvre que je ne dirigerai plus jamais.
Il ne faut jamais dire jamais mais si je pouvais éviter de rediriger le Concerto Madrigal pour deux guitares de Joaquin Rodrigo je n’en serai pas malheureux.

Ma devise
Tendre la main à tous les publics !

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