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26 décembre 1833 : l’empoisonneuse de Ferrare

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26 décembre 2023

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Après Rome (deux fois, pour Il Furioso all’Isola di San Domingo et pour Torquato Tasso) et Florence pour Parisina, c’est la Scala qui passe commande à un Donizetti décidément très sollicité pour inaugurer la nouvelle saison 1833-1834 – qui démarre alors le 26 décembre. Le compositeur n’a qu’une poignée de semaines pour y parvenir et on ne cherche donc pas midi à quatorze heures pour trouver le livret : à Paris, au début de cette même année 1833, Victor Hugo avait remporté un triomphe avec sa très sombre Lucrèce Borgia, figure que notre monument national avait noircie à souhait.

 Henriette Méric-Lalande — WikipédiaHenriette Méric-Lalande, première Lucrezia

Le fidèle Felice Romani trousse pour la huitième fois de sa carrière au profit de Donizetti un livret à partir de la pièce, qu’il édulcore assez largement pour faire de la cruelle vengeresse hugolienne une héroïne plus conforme aux prime donne donizettiennes, d’autant que le rôle-titre écrase à peu près tout dans ce nouvel opéra. Pour ajouter encore à l’édulcoration, la censure s’en mêle et refuse qu’on aligne les cercueils que, dans la pièce originale, Lucrèce amène avec elle en annonçant qu’elle a empoisonné pour se venger de l’affront fait à son nom les jeunes convives de la princesse Negroni, dont, sans le vouloir, son propre fils.

Tout cela n’empêche pas l’opéra, assez bancal dans sa construction en un prologue et deux actes, de remporter un vif succès à Milan puis partout en Italie. Lorsqu’il arrivera en France, 7 ans plus tard, avec une traduction du livret par un obscur Monnier, Victor Hugo – très attentif à la protection des droits des œuvres encore très balbutiante – s’emporte et intente un procès virulent, menaçant toute institution lyrique qui s’aventurerait à adapter son drame. Hugo gagnera son procès et obtiendra même, en Borgia des prétoires, non seulement l’interdiction mais la destruction totale de la traduction du livret et de toutes ses copies. Pas découragé, Donizetti éconduit par la porte reviendra par la fenêtre cinq ans plus tard avec, tout simplement, un nouveau titre en italien  (La Rinegata) qu’Hugo n’aura plus le cœur d’attaquer. Sans disparaitre du répertoire, cet opéra n’aura pas pour autant le même destin que les reines de la fameuse trilogie ou que Lucia et se fait rare sur les scènes.

On l’a dit, c’est le rôle-titre qui, comme souvent chez Donizetti, concentre le cœur musical de l’œuvre, et ce d’emblée, avec cet air du prologue « Tranquillo ei posa… com’è bello », que Maria Callas, qui n’a pas enregistré l’œuvre intégrale, gravera pour un disque-récital.

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