Le fonds de dotation du Metropolitan Opera de New-York, une enveloppe d’environ 300 millions de dollars alimentée par les dons de généreux mécènes, est sérieusement mis à contribution ces temps-ci. Après un retrait de 30 millions de dollars la saison passée, ce sont 40 millions de dollars que le directeur de l’institution, Peter Gelb, a retiré ce mois-ci, selon un article du New York Times.
Une décision difficile mais nécessaire, pour pallier les recettes décevantes d’une billetterie en berne : « les défis sont plus grands que jamais », selon Peter Gelb, pour qui « la seule solution est de se réinventer ». A cet égard, on ne saurait reprocher au Metropolitan Opera son conservatisme ou son immobilisme : modernisation du répertoire (17 opéras contemporains prévus dans les cinq prochaines saisons), réduction du nombre de représentations (194 en 2023-2024 contre 215 en 2022-2023), poursuite des diffusions de spectacles dans les cinémas du monde entier, avec Carmen tout récemment, activisme du directeur musical, Yannick Nézet-Séguin, qui a emmené l’an dernier l’Orchestre du Metropolitan Opera dans sa première tournée européenne depuis des lustres,… Jeter un oeil sur la plateforme de réservation du Met ou sur les taux de remplissage observés cette année (87% pour La Flûte Enchantée, 78% pour The Life and Times of Malcolm X d’Anthony Davis, mais seulement 64% pour Tannhäuser et 56% pour Un Bal Masqué, malgré des distributions souvent luxueuses) ne permet pas encore de conclure à la réussite de cette stratégie, mais l’on ne peut que souhaiter que la saison prochaine, avec ses six opéras contemporains et ses tubes concentrés sur les week-end, constitue le début d’une renaissance pour cette institution qui, depuis 141 ans, donne le la sur la scène lyrique mondiale.