C’est une soirée toute dédiée au Chœur d’Angers Nantes Opéra que le théâtre Graslin a mise à l’affiche en ce début février. Ce ne sont pas les quelques improvisations sur des thèmes de Tosca, arrangées et exécutés par l’organiste Baptiste-Florian Marle-Ouvrard en ouverture du concert qui viennent changer cet équilibre. Elles lui permettent de faire montre de sa virtuosité et de familiariser le public avec les sonorités et couleurs de l’instrument, étrange hybridation entre orgues classiques et sons numérisés. Malgré cette palette étendue, l’absence du grand orchestre voulu par Puccini se fera sentir dans la Messa di Gloria à l’affiche. A fortiori dans une œuvre de jeunesse, composée quatre avant Le Villi, premier opéra du Toscan, et qui certes contient déjà les germes du génie futur mais pas encore toutes les floraisons. Passés sous les marteaux des trois claviers des orgues, les tons et jeux avec les pupitres de l’orchestre disparaissent. Ce n’est pas la faute de la transcription de l’organiste : à défaut de pouvoir se parer des autours pucciniens, à tout le moins en épouse-t-elle l’esprit.
Pierre-Antoine Chaumien (ténor) et Alexandre Adra (basse) rendent justice aux parties solistes. Le premier dessine des phrases élégantes serties dans un timbre clair et qui résiste aux assauts de quelques aigus redoutables. Le second semble bien plus à l’aise dans sa deuxième intervention, celle du baryton, à la tessiture plus centrale où son phrasé s’anime davantage des couleurs que l’on attend dans une messe.
Dès lors, dans ce paysage musical, c’est au chœur que revient pour une fois le premier rôle. Déjà parce que l’œuvre le mobilise à chaque instant. Ensuite parce que la préparation de Xavier Ribes est irréprochable. On en goute les effets dès le « kyrie », toute en nuances et en contrastes mais sans affects inutiles. Chaque pupitre s’avère parfaitement homogène, du pianissimo aux forte, ce qui les rends les tutti enthousiasmants et notamment pendant le final du « Gloria » stricto sensu. Le chœur maintient cette qualité interprétative tout au long de l’œuvre et fait montre d’une belle endurance. Un atout certain pour une formation mobilisée en mai cette fois-ci dans une version scénique de Tosca.