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Décès de Hugues Gall, ancien directeur de l’Opéra de Paris

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Brève
26 mai 2024

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Ancien directeur du Grand Théâtre de Genève de 1980 à 1995 et de l’Opéra de Paris de 1995 à 2004, Hugues Gall s’est éteint dans la nuit du 24 au 25 mai 2024. Après des études à l’Institut d’études politiques de Paris, Hugues Gall avait commencé sa carrière au cabinet d’Edgar Faure en 1966, au ministère de l’Agriculture, puis en 1968, au ministère de l’Éducation nationale où il était chargé des enseignements artistiques, et enfin, en 1969, au ministère des Affaires culturelle dans le cabinet d’Edmond Michelet. Cette même année, il est nommé secrétaire général de la Réunion des théâtres lyriques nationaux. Il devient l’adjoint de Rolf Liebermann au théâtre national de l’Opéra de 1973 à 1980, où il côtoie également Gerard Mortier autre futur directeur de l’Opéra National de Paris. Il devient directeur du Grand Théâtre de Genève en 1980. Xavier Oberson, président du Conseil de Fondation du Grand Théâtre déclare dans son communiqué : « Hugues Gall a été un exceptionnel directeur du Grand Théâtre pendant 15 ans. Il lui a donné une grande ouverture artistique et a énormément contribué à son développement vers un opéra global, mélange de toutes les expressions artistiques, notamment lyriques, théâtrales et musicales. J’ai encore le souvenir, notamment, d’un Parsifal et d’un Don Giovanni absolument époustouflants ! Nous garderons toujours un souvenir reconnaissant et admiratif pour sa contribution en faveur de la culture au sens le plus large du terme, et pour le Grand Théâtre en particulier. ».  L’institution genevoise souligne également : « Durant son mandat, Hugues Gall a insufflé une gloire particulière à l’institution, la dotant d’un véritable rayonnement, soulignant son excellence grâce à des productions remarquables telles que Don Giovanni de Mozart sous la direction de Horst Stein avec Ruggero Raimondi (1980), Un ballo in maschera de Verdi sous la direction de Riccardo Chailly avec Luciano Pavarotti (1984), ou encore de la création du Retour de Casanova de Girolamo Arrigo sous la direction de Reynald Giovaninetti (1985) et de la création de La Forêt de Rolf Lieberman sous la direction de Jeffrey Tate (1987).»
En 1995, Hugues Gall devient directeur de l’Opéra National de Paris. Il lui revient la responsabilité de remettre sur les rails une institution qui avait connu pas mal de déboires managériaux depuis l’ouverture de l’Opéra-Bastille. Des journaux comme Le Monde ou Libération tirent à boulets rouges sur sa politique artistique. En petit comité, notamment lors des réunions avec les mécènes de l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris, Hugues Gall avait l’habitude de plaisanter sur ces réactions et sur les accusations de ringardises qui avaient été lancées à son encontre. Hugues Gall prive d’ailleurs Le Monde de ses budgets publicitaires « puisque de toute façon ça ne leur plait pas » (encore une saillie en petit comité). Défendant le travail de Hugues Gall, Le Figaro écrit : « Les petits marquis auront beau caqueter, en deux mandats de quatre ans, Hugues Gall, appelé par Jacques Toubon du Grand Théâtre de Genève à la tête de l’Opéra de Paris à partir de 1995, aura rempli son contrat ». Il est toutefois juste de dire que l’ambition artistique n’était pas la considération première de Hugues Gall. Il n’était pas davantage intéressé par la restauration du répertoire historique de la maison. Quand nous l’avions interrogé sur le sujet, il nous avait répondu que la presse lui était tombé dessus lorsqu’il avait osé remonter la Manon de Jules Massenet à Bastille, un ouvrage que ses adversaires, disait-il, qualifiaient « d’opéra de papa » : il n’irait pas plus loin. De même, et comme tous les directeurs de l’ONP, Hugues Gall n’avait aucune affinité pour le belcanto, éternel grand absent de l’institution à quelques rares et discutables exceptions près. Hugues Gall est d’abord apprécié comme le vrai gestionnaire qui manquait à l’Opéra National de Paris après des années d’administration par des amateurs. Il cherche d’abord à constituer un répertoire pour l’institution, ce qui était la raison d’être de Bastille. Sous sa direction, l’Opéra, sur ces deux salles, atteint annuellement 360 représentations (opéras et ballets), près de 900 000 spectateurs et 80 nouvelles productions lyriques. De ce point de vue, la réussite est incontestable, d’autant que les augmentations annuelles des prix des places restent, sous son mandat, raisonnables. Il relance également une politique de commandes et de créations. Pour le lyrique : Salammbô (Philippe Fénelon), K (Philippe Manoury), Perelà, l’homme de fumée (Pascal Dusapin), L’Espace dernier (Matthias Pintscher). Sous sa direction, il fera se produire de nombreux grands chanteurs, dont beaucoup qu’il avait fait chanter à Genève. On citera, en s’excusant auprès de ceux que nous omettons : Roberto Alagna, Marcelo Álvarez, June Anderson, Natalie Dessay, Plácido Domingo, Renée Fleming, Marcello Giordani, Thomas Hampson, Dmitry Hvorostovsky, Chris Merritt, Leo Nucci, Samuel Ramey, Giuseppe Sabbatini, Neil Shicoff, Carol Vaness, Dolora Zajick, mais aussi de jeunes talents comme Joyce DiDonato, Anja Harteros ou Sondra Radvanovsky. Epoque rétrospectivement glorieuse même si une partie du public râlait de ne plus avoir Pavarotti. Pour la mise en scène il fit confiance notamment à Robert Carsen, Willy Decker, Gilbert Deflo, Lev Dodin, Jorge Lavelli, Robert Lepage, Laurent Pelly, Jérôme Savary, Andrei Serban, Graham Vick, Herbert Wernicke, Francesca Zambello… James Conlon fut son fidèle directeur musical et les grands noms de la baguette ne furent qu’occasionnels (Kent Nagano, Georges Prêtre, Seiji Ozawa, Georg Solti pour deux soirées…). Contrairement à ses prédécesseurs et successeurs, Hugues Gall était également un grand connaisseur de ballet. Soixante nouvelles œuvres furent inscrites au répertoire, parmi lesquelles Signes (Carolyn Carlson), Clavigo (Roland Petit), Casanova (Angelin Preljocaj), Nosferatu (Jean-Claude Gallotta), Wuthering Heights (Kader Belarbi). Après la fin de son mandat, fatigué des épuisants conflits sociaux à répétition, Hugues Gall affectait ne plus remettre les pieds à l’ONP !
Le 18 décembre 2002, Hugues Gall est élu à l’Académie des beaux-arts. Il continue à assurer un certain nombre de mandats officiels jusqu’à la fin des années 2010 : président du conseil d’administration de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC), conseiller d’État en service extraordinaire, vice-président de la fondation Noureev, directeur de la fondation Claude-Monet à Giverny dont il fait une destinations touristique majeure…
Le communiqué de presse de l’Opéra de Paris conclut fort justement : « Nombre de personnes qui l’ont côtoyé garderont le souvenir d’un homme libre et charismatique, à l’intelligence aigüe, aux propos justes et souvent implacables, et qui imposait naturellement le respect. Dans une profession où il n’existe pas d’école, Hugues R. Gall laissera l’empreinte d’un très grand directeur d’opéra et une inspiration qui ne s’éteindra pas ».

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Alexander Neef, Hugues Gall et Bernard Stirn © Edouard Brane

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