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Chœur du NFM de Wroclaw – La Côte-Saint-André

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Spectacle
4 septembre 2024
Noir, c’est noir

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Henryk Gorecki
Euntes ibant et flebant (psaumes 125 et 94), op. 32 (1972)

Krzysztof Penderecki
Lukaspassion : In pulverem mortis deduxisti me (Psaume 22, 16-20),  1966

Philippe Hersant
Miniature n°4 pour flûte alto solo (des Cinq miniatures, 1996)

Hugo Distler
Totentanz, pour flûte, comédien et chœur (extrait de la Geistliche Chormusik, opus 12, 1934)

Johann Sebastian Bach
Partita pour flûte BWV 1013, sarabande

Max Reger
O Tod wie bitter bist du, motet, opus 110 n°3 (1913)

(bis) Maurice Duruflé
Notre Père

 

Jan Krzeszowiec, flûte

Lambert Wilson, récitant

Chœur du NFM de Wroclaw

Direction musicale
Lionel Sow

 

La Côte Saint-André, Festival Berlioz, Eglise de la Côte Saint-André, 31 août 2024, 17h

Placés sur deux rangs en arc de cercle autour de l’autel, les chanteurs du chœur nous offrent un récital de musique sacrée auquel nul ne peut rester indifférent. La thématique retenue comme l’interprétation nous prennent à la gorge. On ne peut qu’admirer et être touché par une forme d’effroi et de grâce, tant les qualités d’émission, les timbres, la précision, la justesse sont exemplaires. Sur des textes extraits des psaumes 125 et 94, Gorecki nous offre son Euntes ibant et flebant, opus 32 (1972). Voix de femmes, puis d’hommes, divergent à partir d’un unisson, qui se fera pédale, procédé novateur en son temps, mais toujours porteur d’émotion tendue, d’attente. Le langage n’a pas pris une ride, et son effet demeure, comme celui de l’irruption de la lumière (accord parfait suivi d’harmonies qui nous renvoient aux polyphonies de la Renaissance et du baroque). Œuvre majeure dont la modernité s’enracine dans la tradition, la Lukaspassion (1966) de Penderecki allait marquer durablement le chant choral de son empreinte et participer au rayonnement du compositeur. Le passage retenu, In pulverem mortis deduxisti me, également a cappella, n’est pas moins remarquable.

Au lendemain de la mémorable Enfance du Christ (1) donnée au Festival Berlioz, le chœur de la NFM de Wroclaw se produit dans l’église de La Côte Saint-André, à l’acoustique généreuse, idéale pour tel programme. Composé par Lionel Sow, familier de longue date des œuvres retenues (2), qu’il a enregistrées cette année (Accord), il renvoie à la thématique médiévale de la danse macabre. Celle-ci n’a pas seulement inspiré Saint-Saëns. Honegger, Frank Martin l’ont magistralement illustrée, et – moins connu en France, Hugo Distler, que nombre d’auditeurs découvrent à cette occasion. La mort gouverne donc ce programme, centré sur sa Totentanz (de sa Geistliche Chormusik). Le trouble, les inquiétudes, les tourments, l’angoisse prévalent même si la rédemption et le paradis sont promis. Au cœur du programme, après les deux pièces en latin des Polonais Gorecki et Penderecki et avant un motet de Max Reger, l’ample fresque étant écrite pour chœur mixte, flûte et récitant, l’instrument l’ouvrira par la quatrième des Cinq miniatures que Philippe Hersant écrivit en 1995. Aussitôt la Totentanz, la sarabande de la partita BWV 1013 de Bach, participera au retour à la sérénité. Le flûtiste rend pleinement justice à la Miniature pour flûte alto, d’une exigence singulière. La chaleur, la rondeur de l’émission grave de l’instrument captivent, valorisées par une écriture qui n’est pas sans évoquer l’Extrême-Orient. La sarabande de Bach nous laisse perplexe : stylistiquement, on est loin du baroque, sans compter le timbre inapproprié de l’instrument moderne. Les interventions de la flûte ponctueront les 14 « Sprüche » [phrases], initiées par le chœur, et commentées par le récitant. Des poèmes dialogués, la Mort avec d’autres personnages empruntés à des peintures illustrant la danse macabre (d’une église de Lübeck), feront alterner des pages confiées au chœur à quatre voix mixtes avec le texte (traduit en français) confié ici à Lambert Wilson.  Associé régulièrement à la production de l’ouvrage par Lionel Sow, il engage toutes ses qualités au service du texte riche, puissant, contrasté. La voix du merveilleux conteur est impérieuse, puissante, timbrée à souhait. Cependant, malgré les oppositions qu’appelle le texte, la véhémence est constante (on imagine les prêches de Savonarole), terrible dans ses imprécations, et l’on est fasciné, subjugué. Les modelés, les contrastes du chœur attestent son excellence et sa familiarité avec ce répertoire exigeant.

Pour conclure, après la sarabande pour flûte dont il a été question plus haut, la plénitude recueillie (à 5 voix, les soprani sont dédoublées), les tourments du O Tod, wie bitter bist du [Ô mort, comme tu es amère], de Max Reger. L‘émotion y est constante, faisant appel à la puissance de l’unisson.  Hommage au public français, c’est le merveilleux Notre père de Maurice Duruflé qui sera donné en bis, participant à la sérénité retrouvée.

Seul regret, au terme de ce bouleversant concert, que le public n’ait pu s’approprier les textes chantés, qu’ils soient en latin ou en allemand, réduisant le chant choral à une dimension instrumentale.

(1) Lien L’enfance du Christ – La Côte Saint-André; 
(2) Lionel Sow nous a ouvert son jardin secret, qui signait il y a plus de vingt ans des Chants faciles pour les funérailles.

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Henryk Gorecki
Euntes ibant et flebant (psaumes 125 et 94), op. 32 (1972)

Krzysztof Penderecki
Lukaspassion : In pulverem mortis deduxisti me (Psaume 22, 16-20),  1966

Philippe Hersant
Miniature n°4 pour flûte alto solo (des Cinq miniatures, 1996)

Hugo Distler
Totentanz, pour flûte, comédien et chœur (extrait de la Geistliche Chormusik, opus 12, 1934)

Johann Sebastian Bach
Partita pour flûte BWV 1013, sarabande

Max Reger
O Tod wie bitter bist du, motet, opus 110 n°3 (1913)

(bis) Maurice Duruflé
Notre Père

 

Jan Krzeszowiec, flûte

Lambert Wilson, récitant

Chœur du NFM de Wroclaw

Direction musicale
Lionel Sow

 

La Côte Saint-André, Festival Berlioz, Eglise de la Côte Saint-André, 31 août 2024, 17h

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