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HAENDEL, La resurrezione – Paris (TCE)

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Spectacle
5 octobre 2024
Triomphe de la beauté

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Oratorio sacré sur un livret de Carlo Sigismondo Capece
Créé à Rome le 8 avril 1708

Détails

Maria Maddalena
Emőke Baráth
Angelo
Suzanne Jerosme
San Giovanni Evangelista
Emiliano Gonzalez Toro
Santa Maria Cleofa
Lucile Richardot
Lucifero
Robert Gleadow

Le Concert de la Loge
Direction musicale
Julien Chauvin

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, vendredi 4 octobre 2024, à 19h30

Parcourant l’Italie de la mi-1706 jusqu’au début de 1710, Haendel composa plusieurs œuvres vocales pour Florence, Naples et Venise. C’est à Rome, dans le Palazzo Bonelli du marquis Ruspoli, que sa Resurrezione di Nostro Signor Gesù Cristo fut créée avec faste en 1708, à l’occasion des fêtes de Pâques. Cet oratorio sacré, qui relate les événements allant de la Crucifixion à la Résurrection, se développe sur deux niveaux dramatiques : d’un côté, la confrontation céleste entre l’Ange et Lucifer, et de l’autre, sur Terre, le chagrin de Marie-Madeleine et de Marie-Cléophas, accompagnées par l’Évangéliste Jean, qui témoigne et proclame la victoire du Christ ressuscité.

Dans le rôle de l’Ange, Suzanne Jerosme, voix éclatante et superbement projetée, captive dès son périlleux air d’ouverture (« Disserratevi, o porte d’Averno »), qu’elle interprète avec un aplomb remarquable. La soprano est tout aussi impressionnante dans les arias plus lentes du personnage, où elle fait preuve d’une grande expressivité et d’un sens raffiné de la ligne musicale. Elle livre également des récitatifs empreints d’une belle tension dramatique, palpable lors des affrontements avec Lucifer. Dans ce rôle, Robert Gleadow se montre diabolique à souhait, frôlant parfois l’outrance. Il vocifère et tourne avec rage les pages de sa partition, soulignant avec force les passages les plus sombres et menaçants. Cependant, cette intensité dramatique se fait parfois au détriment de la ligne vocale, quelque peu chahutée dans l’aria « O voi, dell’Erebo ».

Le rôle de Marie-Madeleine fut créé par la soprano Margherita Durastanti, future première Agrippina l’année suivante à Venise dans l’opéra éponyme du compositeur. Cependant, sous la pression des autorités ecclésiastiques romaines, et notamment de l’influence du pape Clément XI, qui interdisait aux femmes de chanter sur scène dans les représentations publiques, la cantatrice dut se retirer de la représentation suivante, remplacée par un castrat. Emöke Barath, dont la voix a gagné en profondeur sans perdre son aisance dans les aigus ni son agilité, incarne une Marie-Madeleine pleine de douceur et de piété, habitant intensément le personnage. La soprano hongroise se montre particulièrement touchante dans l’extraordinaire lamentation chromatique « Per me già di morire », où elle exprime avec émotion le désespoir et la résignation de Maddalena face à la mort du Christ.

Lucile Richardot inonde sa Marie-Cléophas de noblesse et de profondeur émotionnelle. Son legato impeccable et sa prestance scénique apportent toute la dignité nécessaire au personnage. Un peu gênée par l’agilité vocale dans le grave au début de « Naufragando va per l’onde », la mezzo-soprano bouleverse dans la superbe partie centrale de ce même air, où sa voix épouse à merveille les plaintes des hautbois. Emiliano Gonzalez Toro incarne quant à lui un Évangéliste Jean plein de ferveur, insufflant à sa voix une vitalité constante tout au long du récit. Le ténor enrichit son rôle de belles subtilités vocales. Ainsi, son dialogue avec le traverso, la viole de gambe et le théorbe dans l’aria en sicilienne « Così la tortorella » est un modèle de raffinement et de subtilité dans l’ornementation.

L’ensemble instrumental présent lors de la création, mené par nul autre qu’Arcangelo Corelli au premier violon, fut sans doute l’un des plus prestigieux pour lesquels Haendel ait jamais écrit. Selon les archives du Marquis Rispoli, il comptait près d’une quarantaine de cordes et un instrumentarium inhabituel, avec même un trombone (dont la partition autographe ne laisse toutefois nulle trace). On est donc quelque peu surpris, dès les premières notes de l’ouverture, par la sonorité plus modeste de l’orchestre réuni ce soir. Toutefois, le Concert de la Loge parvient à compenser cette réduction d’effectifs en rendant justice à l’œuvre par une interprétation raffinée et pleine de nuances.

L’œuvre offre, il y est vrai, de multiples occasions aux instrumentistes de briller. Ainsi, la viole de gambe, si rare dans l’œuvre de Haendel, permet à Atsushi Sakai d’accompagner de manière poignante les émotions des personnages. Julien Chauvin, toujours alerte et inventif, propose de magnifiques cadences dans ses interventions en solo, et mène l’ensemble avec un panache indéniable. Surtout, il fait preuve d’une rigueur de tous les instants face à cette partition, qui, comme toutes les œuvres vocales italiennes du Caro Sassone, demande énormément d’engagement et de précision aux instrumentistes.

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Oratorio sacré sur un livret de Carlo Sigismondo Capece
Créé à Rome le 8 avril 1708

Détails

Maria Maddalena
Emőke Baráth
Angelo
Suzanne Jerosme
San Giovanni Evangelista
Emiliano Gonzalez Toro
Santa Maria Cleofa
Lucile Richardot
Lucifero
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Le Concert de la Loge
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Julien Chauvin

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, vendredi 4 octobre 2024, à 19h30

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