Durant l’Occupation allemande de 1940 à 1944, la salle Favart (Opéra-Comique) et le Palais Garnier (alors réunis sous la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux) continuèrent leurs activités mais sous contrôle étroit des autorités nazies. La politique culturelle de Vichy et de l’occupant imposait une programmation purgée de toute influence « non aryenne », excluant les œuvres de compositeurs juifs. Les autorités nazies favorisaient en revanche les opéras de compositeurs allemands, tels que Wagner et Richard Strauss, et encourageaient la diffusion de la musique classique en guise de propagande.
Malgré cette censure et les restrictions, les personnels de la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux firent preuve de courage discret pour préserver l’intégrité artistique face aux pressions de l’occupant. Certains artistes, musiciens, costumiers, techniciens et administrateurs mirent en œuvre des formes de résistance silencieuse : certains dissimulèrent des collègues juifs ou opposants, tandis que d’autres insérèrent des allusions symboliques dans leurs mises en scène ou soutinrent la distribution clandestine de tracts et de messages antifascistes. Le chef d’orchestre Roger Désormière, par exemple, choisit de monter certaines œuvres françaises pour affirmer l’identité culturelle de son pays face à l’occupant, tandis que des membres du chœur et de l’orchestre prirent des risques pour aider la Résistance, tout en continuant à faire vivre l’art lyrique dans une France occupée.
C’est en hommage à tous ces résistants que lundi dernier, 28 octobre, Alexander Neef, Directeur de l’Opéra national de Paris, et Roselyne Bachelot, ont inauguré au Palais Garnier, en présence entre autres de Louis Langrée, Directeur de l’Opéra-Comique, une plaque commémorative.