Il ne vous aura sans doute pas échappé que Carmen célèbre ce 3 mars le 150ème anniversaire de sa création à l’Opéra-Comique.
Tout a été dit, écrit, chanté, dessiné, filmé sur ce chef-d’œuvre absolu qui reste aujourd’hui parmi les œuvres lyriques les plus jouées de par le monde. Vous savez sans doute déjà tout de sa genèse, de la nouvelle de Mérimée librement adaptée par Meilhac et Halévy aux exigences de fer de Bizet ; jusqu’au scandale de la création, aussi bien en raison du sujet jugé par trop sulfureux de cette femme revendiquant sa liberté qu’en raison de l’assassinat final, qui outragea les spectateurs venus en famille à l’Opéra-Comique, sans parler du lien de causalité que l’on fait généralement entre ce scandale et la mort de Bizet trois mois plus tard, à seulement 37 ans.
Ainsi, comme tout a été dit un peu partout jusque dans ces colonnes, nous vous proposons de célébrer cet anniversaire avec un clin d’oeil qui ne vous racontera pas le détail de cette genèse et ne cherchera pas à vous faire comparer telle ou telle Carmen de l’histoire, ni telle ou telle version ou adaptation; mais partagera avec vous l’un des détournements les plus déjantés que cette œuvre a pu susciter depuis 150 ans, celui de Spike Jones et ses comparses des City Slickers. Avec eux, pour la radio et la télévision américaine, il s’amusera à massacrer les classiques. Il jouera par exemple l’ouverture de Guillaume Tell avec des ustensiles de cuisine, et, à la fin des années 40, proposera sa propre version de Carmen disons, très personnelle, que voici : 13 minutes pour vous raconter l’opéra à sa façon et pas besoin de comprendre par le menu la langue anglaise pour percevoir tout le grotesque de la narration. Spike Jones raconte lui-même l’histoire revisitée de Carmen, avec à ses côtés un « messy-soprano » (un soprano dérangé dirait-on) ou encore une « basse barracuda ».
Nous pouvons nous souhaiter collectivement d’entendre encore Carmen pour l’éternité, mais il y a fort à parier que vous ne l’entendrez jamais comme cela.
