Des trois grandes institutions lyriques berlinoises, l’Opéra d’Etat, sur la prestigieuse avenue Unter den Linden (« Sous les tilleuls »), les Champs-Elysées de Berlin, est la plus ancienne et sans doute aussi la plus courue. Située dans la partie Est de la ville, elle a été rendue à tous les Berlinois au lendemain de la chute du Mur et connu une restauration qui en fait aujourd’hui un des plus beaux écrins de l’art lyrique dans le monde.
Adresse : Staatsoper Unter den Linden, Bebelplatz, Unter den Linden 7, 10117 Berlin
Institution lyrique hébergée : Staatsoper Berlin
Site Web : https://www.staatsoper-berlin.de/de/
Année de construction : La première pierre a été posée en 1741, sous le règne de Frédéric II de Prusse (dont le nom apparaît sur le fronton du bâtiment). Objet de nombreuses phases de consolidation, restructuration, reconstruction et mises aux normes, la bâtiment actuel a été achevé et inauguré en 2017.
Architecte : C’est Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff (1699 -1753) qui a travaillé sous les ordres du roi de Prusse. C’est Richard Paulick (1903 – 1979) qui fut chargé en 1951 de la reconstruction à l’identique d’un bâtiment entièrement détruit par les bombardements du 3 février 1945.
Style architectural : néo-classique avec portique corinthien.
Répertoire de prédilection : Comme bon nombre d’institutions lyriques germaniques, le Staatsoper est une maison de répertoire. L’activité lyrique y est impressionnante et les levers de rideau se comptent par centaines chaque année. Outre les éternels grands classiques, souvent revisités par des mises en scènes contemporaines, on trouvera, programmées par les différents patrons de l’institution des œuvres d’aujourd’hui, voire des créations, commandes de la boutique.
Histoire : L’opéra d’État de Berlin doit beaucoup à Frédéric II de Prusse, dit Frédéric le Grand, né à Berlin et mort à Potsdam, monarque qui régna plus de 45 ans et qui conserve une formidable popularité en Allemagne et particulièrement dans sa ville natale. Monarque éclairé, dirait-on aujourd’hui, ami de Voltaire, bon flûtiste à l’occasion, il lui importait de doter sa ville natale d’un lieu où l’opéra serait dignement représenté. Ainsi naît le Hofoper (opéra de cour) qui va connaître au fil des siècles moult transformations. Détruit par un incendie en août 1843, il est reconstruit dès l’année suivante. Au lendemain du premier conflit mondial, l’opéra d’État devient Staatsoper Unter den Linden, sa dénomination actuelle, qu’il doit au nom de l’avenue où il se situe. Après la destruction de février 1945, il faudra attendre dix années pour que les autorités est-allemandes reconstruisent le bâtiment, inaugurée en 1955 par une représentation des Meistersinger von Nürnberg . Enfin les travaux de mises aux normes et de consolidations sont effectués entre 2010 et 2017.
Premier opéra représenté : Cleopatra e Cesare de Carl Heinrich Graun, le 7 décembre 1742. Pour l’inauguration du bâtiment rénové, Die Szenen aus Goethes Faust de Robert Schumann ont été données le 3 octobre 2017.
Meilleures places : Peut-on être mal placé au Staatsoper ? Le nombre relativement réduit de places (environ 1300, sensiblement moins qu’au Deutsche Oper) fait que, même au troisième balcon (il n’y a pas de poulailler, pas de place aveugle), le spectateur n’est jamais éloigné inconsidérément de la scène et de la fosse. Le premier balcon offre bien entendu le meilleur emplacement à tout point de vue (voir ci-après).
Acoustique : L’acoustique, suite aux travaux des années 2010, est en tout point exceptionnelle. On ne saurait toutefois trop recommander le premier balcon (face ou côtés) qui permet, notamment pour les œuvres où l’orchestration est « lourde », de parfaitement distinguer les différents pupitres.
Tarifs : Le point commun entre les trois places lyriques berlinoises (Staatsoper, Deutsche Oper et Komische Oper) est l’incroyable rapport qualité-prix. Certes les prix fluctuent beaucoup en fonction du calendrier (les premières sont forcément moins abordables), mais, en 2024, vous pouviez assister à une représentation de Die Frau ohne Schatten (Schager, Nylund) pour 80 € aux meilleures places ! Qui dit mieux ?
Anecdote : Il y a une vie sous les bâtiments somptueux de l’Opéra d’Etat. A peine franchie une porte discrète située au niveau de l’orchestre, vous plongez dans un labyrinthe où seuls les initiés réussissent à se repérer. C’est dans ce Nibelheim que vous accèderez aux bureaux techniques, administratifs et… aux loges des artistes. Si vous vous y aventurez, faites-vous accompagner par un bon cicérone, afin de ressortir au bon endroit et non pas de l’autre côté de l’avenue !
Vestiaire : A peine franchies les portes des contrôles, l’ouvreur ou l’ouvreuse vous indiquera « Garderobe rechts » ou bien « Garderobe links ». Vous descendrez alors, à main droite ou main gauche, deux magnifiques escaliers monumentaux qui vous conduiront aux vestiaires. Là on vous remettra, en échange de vos vêtements, les précieuses et mythiques médailles numérotés en laiton auxquelles plus d’une et plus d’un sacrifieraient leur étole ou leur chapeau pour repartir avec…
A l’entracte : Comme dans toute bonne institution lyrique allemande, vous utiliserez les entractes pour vous sustenter. Le mieux est de passer commande à l’avance dès votre arrivée, après avoir déposé vestes et manteaux. Vous aurez le choix entre deux ambiances ; dans les sous-sols, ambiance Kneipe, ou bien, au niveau du premier balcon, la somptueuse Apollosaal, où vous trouverez, parfaitement alignées sur une table ronde, la coupe de champagne et l’incontournable Bretzel que vous aurez préalablement commandées.
Le bémol : Si vous êtes assis à l’orchestre, au milieu du rang, essayez de ne pas arriver en retard après la coupe de champagne pour ne pas avoir à déranger tous ceux qui seront prudemment arrivés avant vous ; en effet, il n’existe pas d’allée centrale qui desservirait les deux rangées de fauteuils.
Le dièse : les Allemands d’aujourd’hui se rendent à l’opéra comme au bureau. S’il n’y a aucune chance de croiser de somptueuses robes de soirées ou de magnifiques queues de pie au Deutsche ou au Komische, la possibilité existe encore au Staatsoper, les soirs de première.
Accessibilité : Bien que le bâtiment ait conservé sa structure historique, les travaux de reconstruction ont bien entendu intégré la mise aux normes. Celle-ci permet d’accéder en fauteuil roulant au premier balcon et quasiment aux meilleures places.
Accès : Privilégiez le métro (U-Bahn) : Si le Deutsche Oper possède une station à son nom, le Staatsoper est accessible par plusieurs stations : sur la ligne 2 (U2), vous descendrez soit à Stadtmitte, soit à Hausvogteiplatz ; sur la ligne U6, descendez à Stadtmitte.
Boutique : elle se situe à gauche en entrant, avant de passer le contrôle des billets. Elle est étroite et assez sommairement achalandée.
Où dîner à proximité ? A la différence du Deutsche Oper, le Staatsoper ne possède pas son propre restaurant où l’on réservera une table pour échanger ses impressions ou…croiser les chanteurs. En sortant, il conviendra de se rapprocher de Gendarmenmarkt, où des restaurants, du plus simple aux plus raffinés, vous attendent.
Où dormir à proximité ? Restez du côté de Gendarmenmarkt après dîner et optez pour le fabuleux hôtel de Rome, si vos moyens vous le permettent, ou poussez du côté de Friedrichstrasse où le Leonardo Hotel-Berlin Mitte de la Bertolt Brecht-Platz vous attend.