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SONDHEIM, Company – Compiègne

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Spectacle
17 mars 2025
En bonne ou mauvaise compagnie ?

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Musique et chansons de Stephen Sondheim sur un livret de George Furth
Traduction française du livret Stéphane Laporte
Originellement produit et mis en scène sur Broadway par Harold Prince
Orchestrations de Jonathan Tunick
Créé à New York (Alvin Theatre de Broadway) le 26 avril 1970
Spectacle produit par Génération Opéra

Détails

Mise en scène
James Bonas
Chorégraphie
Ewan Jones
Scénographie
Barbara De Limburg
Costumes
Nathalie Pallandre
Lumières
Christophe Chaupin
Vidéo
Anouar Brissel

Robert
Gaétan Borg
Joanne
Jasmine Roy
Larry
Scott Emerson
Amy
Jeanne Jerosme
Paul
Sinan Bertrand
Sarah
Marion Preite
Harry
Arnaud Masclet
Susan
Lucille Cazenave
Peter
Joseph de Cange
Jenny
Eva Gentili
David
Loïc Suberville
April
Camille Nicolas
Marta
Neima Naouri
Kathy
Myriana Hatchi

Orchestre national d’Île-de-France
Direction musicale
Larry Blank

Stephen Sondheim est joué de plus en plus souvent en France, à Paris comme en région. Entre A Funny Thing happened on the Way to the Forum (1962 – Lido 2, 2023), Sweeney Todd (1979 – Châtelet, 2011), Sunday in the Park with George (1983 – Châtelet, 2013), nous sommes invités ce soir à (re)découvrir Company, créé en 1970. Après l’humour PPPP (p’tites pépées potaches et péplum) façon Monty Python du premier, et avant l’horreur grand guignolesque du barbier diabolique du deuxième, nous sommes donc confrontés à cette comédie musicale au titre un peu court mais finalement explicite : il ne s’agit pas de bonne ou de mauvaise compagnie, on est ici tout simplement plongés dans la vie quotidienne new yorkaise des années 70, du moins dans celle d’une tranche de société à la fois assise, confortable et pétrie de contradictions dans un mal-être mal exprimé. En somme, du Woody Allen avant la lettre et ses rapports avec la société bobo de Manhattan.

Bobby, célibataire par vocation (?) fête son 35e anniversaire entouré de tous ses amis qui, eux, vivent à deux. Nous sommes donc plongés dans la vie de nombreux couples, ou du moins dans la vie souvent fade et insipide de tous ceux – amis, parents, voisins – que l’on côtoie tous les jours, avec leur gentillesse, leur mesquinerie, leurs problèmes de vie à deux, dont au total on n’a que faire. Comment alors se décider à entrer dans le moule, à « se marier » puisqu’en 1970 c’était encore la voie légale qui primait, et avec qui ? Ce sont toutes les questions que se pose Bobby qui n’a toujours pas sauté le pas. Alors, tous ses amis tentent de le pousser dans ses derniers retranchements, lui présentent des candidates, qu’il « essaie » les unes après les autres sans se décider pour aucune, s’inquiètent pour lui, et finalement le harcèlent. Et cela notamment à l’occasion de son anniversaire, qui est du genre Un jour sans fin (Groundhog Day, ou Le Jour de la marmotte). C’est-à-dire que cet anniversaire où il n’arrive pas à souffler d’un coup toutes les bougies – il y en a quand même 35 ! – va revenir comme un leitmotiv tout au long de la représentation, jusqu’à ce qu’il décide de rester enfin seul et où là, d’un coup, il arrivera enfin à toutes les souffler.

© Photos Jean Michel Molina

Le thème du couple américain fait évidemment beaucoup penser à Trouble in Tahiti de Leonard Bernstein (1950). D’ailleurs la partition de Sondheim fait souvent penser à Bernstein, mais sans arriver à l’égaler : l’invention mélodique est bien présente sans être toujours aboutie, jusqu’à même tourner court. D’ailleurs, on ne sort pas de la représentation en fredonnant la moindre mélodie. Car autant on s’intéresse à Sam et Dinah, autant ici tout semble se diluer, et l’on finit par s’ennuyer un peu même s’il y a quand même des moments de bravoure fort drôles ou périlleux, dont la nuit avec April, l’hôtesse de l’air (sensationnelle Camille Nicolas), ou l’air d’Amy « Getting Married Today » (excellente Jeanne Jerosme) qui n’a rien à envier à celui du Major General des Pirates de Penzance.

Paradoxe, le spectacle est somptueux, d’une qualité et d’une finition impeccables, montrant qu’en France aussi on sait monter et jouer de grandes comédies musicales à l’américaine. Et second paradoxe, la représentation connaît un immense succès, une partie de la salle est debout aux saluts finaux, bref on se demande si tout le monde a vu le même spectacle. Un orchestre déchaîné bien en phase avec l’œuvre, une distribution bilingue sans faille (chant en anglais, parlé en français de bonne qualité manquant toutefois encore d’un peu de rythme), une mise en scène de James Bonas bien dans la tradition, une chorégraphie efficace d’Ewan Jones, que demander de plus ? Mais aussi une sono un peu trop tonitruante (les voix sont sonorisées, on ne sait pas trop pourquoi, empêchant de juger de la qualité vocale de chacun des interprètes, pourtant réelle) et mal spatialisée, et plusieurs voix traitées façon star-ac, voix de gorge hurlées, dont l’impossible Marta de Neïma Naouri que l’on avait pourtant particulièrement appréciée dans A Funny Thing : et pourtant c’est elle qui recueille le plus d’applaudissement, avec l’étonnante Jasmine Roy (Joanne). Querelle de style et de génération ?

Heureusement la présence, finalement rassurante et équilibrante, de l’excellent Gaétan Borg en Bobby, sert de liant à la production, lui donnant l’équilibre nécessaire. En effet, il se démarque nettement de l’ensemble, donnant un relief singulier et une personnalité affirmée à un personnage qui aurait pu paraître falot du fait de sa perpétuelle valse-hésitation. Il est drôle sans être délirant, effacé sans être absent et donc bien présent tout au long de l’œuvre.

Impression mitigée ? Non, c’est un fort beau spectacle, détonnant et même flamboyant, mais peut-être pas assez dérangeant, un peu trop dans le moule et sans un vrai délire scénique qui aurait pu le projeter dans notre époque au lieu de le cantonner dans une reprise très datée années 70. Bref, un vrai divertissement « historique » de grande qualité, mais sur une œuvre un peu inaboutie en termes de concept.

Ne manquez pas les étapes de la tournée de 2025 à 2027 :
Opéra national de Bordeaux : 24, 25, 26 et 27 septembre 2025
Opéra de Rennes : 8, 10, 12 et 13 novembre 2025
Opéra Nice Côte d’Azur : 28, 29, 30 novembre 2025
Opéra Grand Avignon : 28, 30 et 31 décembre 2025
L’avant-scène Opéra à Neuchâtel : Printemps 2026
Opéra national de Lorraine : Juin 2026
Clermont Auvergne Opéra : Automne 2026 (date à préciser)
Opéra de Limoges : 8, 10 et 11 novembre 2026
Opéra Orchestre – Normandie Rouen : 17, 18, 19 décembre 2026
Théâtre du Châtelet : du 31 mars au 11 avril 2027 (dates à préciser)

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Musique et chansons de Stephen Sondheim sur un livret de George Furth
Traduction française du livret Stéphane Laporte
Originellement produit et mis en scène sur Broadway par Harold Prince
Orchestrations de Jonathan Tunick
Créé à New York (Alvin Theatre de Broadway) le 26 avril 1970
Spectacle produit par Génération Opéra

Détails

Mise en scène
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Chorégraphie
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Scénographie
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Costumes
Nathalie Pallandre
Lumières
Christophe Chaupin
Vidéo
Anouar Brissel

Robert
Gaétan Borg
Joanne
Jasmine Roy
Larry
Scott Emerson
Amy
Jeanne Jerosme
Paul
Sinan Bertrand
Sarah
Marion Preite
Harry
Arnaud Masclet
Susan
Lucille Cazenave
Peter
Joseph de Cange
Jenny
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David
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