C’est maintenant chose courante, le cinéma mène à tout, même à l’opéra ! Luca Guadagnino, l’un des réalisateurs italiens les plus acclamés du monde et qui aime particulièrement la polémique, fera ses débuts dans la mise en scène en avril 2026 à l’occasion de l’ouverture de la 88ème édition du Maggio Musicale Fiorentino. Le cinéaste signera la production de The Death of Klinghoffer de John Adams, œuvre encore jamais présentée à Florence, et qui sera donnée du 19 au 26 avril au Teatro del Maggio.
Ce n’est pas la première fois que les chemins de John Adams et Luca Guadagnino se croisent : dans Amore (2009), drame sensuel et tragique porté par Tilda Swinton, la musique du compositeur américain (notamment The Chairman Dances et Harmonielehre) tenait un rôle central, conférant au film son souffle émotionnel. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que le réalisateur palermitain se tourne vers cette œuvre intense et controversée pour sa première mise en scène d’opéra.
Créée en 1991 à Bruxelles, The Death of Klinghoffer s’inspire du détournement de l’Achille Lauro en 1985 par des membres du Front de libération de la Palestine, et de l’assassinat de Leonard Klinghoffer, passager américain juif, en fauteuil roulant. Rarement montée (en Italie, elle n’a été donnée qu’à Ferrara et Modène en 2002), l’œuvre frappe par sa puissance dramatique et son écriture chorale, au croisement de l’oratorio et de la tragédie politique.
Guadagnino prendra également en charge la scénographie de cette production, dans la continuité de son approche plastique du cinéma. Il sera entouré du chef Lawrence Renes, grand interprète du répertoire de John Adams.
Le surintendant Carlo Fuortes se réjouit de cette collaboration inédite : « Avec The Death of Klinghoffer, nous renouons avec la tradition du Maggio d’ouvrir nos saisons sur des œuvres rares, exigeantes, contemporaines. Et je suis particulièrement heureux que Luca Guadagnino ait accepté ce défi. » Quant au réalisateur, il affirme que « The Death of Klinghoffer interroge, depuis sa création, la profonde complexité de conflits qui plongent leurs racines dans le mythe pour surgir dans l’Histoire. »
Un défi à la hauteur d’un cinéaste qui, du grand écran à la scène, ne cesse d’explorer les différentes formes d’émotions… pour le pire comme pour le meilleur, affaire de gout.