Vive la guerre qui a généré tant de chefs d’œuvre de l’art, de Jacques Callot à Goya, de Rubens à Otto Dix, qui parmi d’autres ont dénoncé les horreurs des conflits armés. Benjamin Britten est du nombre, et son War Requiem constitue également un appel douloureux pour une paix universelle bien utopique, et plus que jamais d’actualité.
L’exécution qu’en donne l’orchestre et les chœurs de Birmingham dirigés par Andris Nelsons est en tous points remarquable. Car au-delà de la direction sans faille d’un chef qui est en passe de devenir l’un des plus grand noms de sa génération, et qui fait briller l’œuvre de feux jusqu’alors inexplorés, les qualités de l’orchestre et des quelque 120 excellents choristes expriment tout une échelle d’émotions qui étreignent les solistes, et rejaillissent sur un public peu préparé à un tel choc.
Rarement, depuis la création de 1962, les poèmes de Wilfred Owen ont été aussi bien servis. On retrouve un Mark Padmore beaucoup plus concerné que dans le récent Opéra de Quat’sous donné en cette même salle, mais sans atteindre au déchirement exprimé par Ian Bostridge (Châtelet 1999). Le baryton allemand Hanno Müller-Brachmann, élève de Fischer-Dieskau, n’imite en rien son maître et trouve des accents très personnels, notamment dans le Dies irae et le Libera me. Quant à la soprano canadienne Erin Wall, sa position scénique reculée ne l’empêche pas de dominer l’orchestre dans le Liber scriptus, tout en gardant une charge émotionnelle intacte, notamment dans le Lacrimosa.
Près d’une minute de silence, à la fin, a salué – bien mieux que les applaudissements et cris qui ont suivi –, la communion qui s’est opérée entre les interprètes et le public.
Tous ceux qui n’ont pas eu la chance d’être présents à ce concert d’exception pourront l’entendre sur France Musique le mardi 2 juillet 2013 à 20 h, ou se procurer le DVD du concert du cinquantenaire (30 mai 2012), filmé avec la même équipe dans la cathédrale de Coventry, captation qui a d’ores et déjà pris rang parmi les enregistrements de référence de l’œuvre (édition Arthaus).