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VERDI, Requiem — Montpellier

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Spectacle
15 janvier 2012
Elévation

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Requiem (Verdi, Muti – Montpellier)

Détails

Giuseppe VERDI

Messa da Requiem


I. Requiem et Kyrie soprano, mezzo soprano, ténor, basse et choeur
II. Dies irae soprano, mezzosoprano, ténor, basse et choeur
Tuba mirum choeur – Mors stupebit basse – Liber scriptus mezzo soprano
Quid sum miser soprano, mezzo soprano et ténor – Rex tremendae soprano, mezzo soprano, ténor, basse et choeur
Recordare soprano et mezzo soprano – Ingemisco ténor – Confutatis basse
Lacrymosa soprano, mezzo soprano, ténor, basse et choeur
III. Offertoire soprano, mezzo soprano, ténoe et basse
IV. Sanctus fugue à deux choeurs
V. Agnus Dei soprano, mezzo soprano et chœur
VI. Lux aeterna soprano, mezzo soprano, ténor et basse
VII. Libera me Domine soprano et choeur

Soprano
Tatiana Serjan
Mezzo soprano
Olga Borodina
Ténor
Mario Zeffiri
Basse
Michele Pertusi

Choeur de la Radio Lettone
Direction : Sigvards Klava
Choeur de l’Opéra national de Montpellier Languedoc-Roussillon
Direction : Noëlle Gény
Chef de chœur
Roberto Gabbiani
Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon
Direction musicale
Riccardo Muti

Montpellier, Opéra Berlioz, 14 et 15 janvier 2012

 

 

Voilà, c’est fini. Comme il l’avait annoncé, Jean-Paul Scarpitta a obtenu que Riccardo Muti vienne à l’opéra Berlioz de Montpellier. Le maestro y a dirigé le Requiem de Verdi avec l’orchestre et le chœur maison, nous hissant à des hauteurs dont le souvenir exalte et rend déjà nostalgique. L’événement était annoncé comme extraordinaire. L’attente n’a pas été déçue. Ces deux concerts ont donné un éclat exceptionnel au début de la programmation personnelle de Jean-Paul Scarpitta.

 

Pour interpréter le chef d’œuvre de Verdi, qui nécessite un chœur très étoffé, les forces locales étaient augmentées du chœur de la Radio Lettone, souvent partenaire de l’orchestre pour des concerts de Radio France. L’ensemble des choristes était placé sous l’autorité de Roberto Gabbiani, collaborateur de longue date du chef d’orchestre, à même d’unifier le travail collectif selon la conception du maître. Pour les solistes, si des artistes ayant participé à l’enregistrement du Requiem (couronné de deux Grammy Awards) réalisé avec l’Orchestre de Chicago ne restent qu’Olga Borodina et Mario Zeffiri la soprano Tatiana Surjan et la basse Michele Pertusi sont des substituts de luxe.

Qu’est-ce qui fait que cette interprétation un choc ? Par delà sa somptuosité sonore, sa  cohérence et son dynamisme, probablement conformes aux volontés de Verdi. On sait avec quel scrupule Riccardo Muti scrute les indications des compositeurs, dans sa quête d’une compréhension toujours plus intime de leur pensée créatrice. Depuis ses débuts il suit la même voie avec une constance qui l’a fait parfois taxer d’intransigeance, mais qui donne à ses interprétations fermeté et personnalité  sans que jamais celle-ci soit l’expression surabondante d’un ego narcissique. Cela lui a valu la confiance de ses admirateurs : la star qu’il est devenue s’efface toujours devant la musique.

Ce Requiem, il n’a garde d’oublier que le musicien qui l’a écrit n’était pas dévot, mais agnostique assurément, peut-être même athée. Verdi ne fait pas œuvre de piété, en tout cas pas au sens où un croyant l’entend. C’est sa vénération pour Manzoni qui lui inspire le désir d’élever un monument à ce grand Italien disparu, tout comme il avait souhaité participer à l’hommage collectif projeté pour Rossini. Et comme Manzoni était croyant, qu’un Requiem avait pour lui une signification religieuse, le choix de cette forme sera pour le musicien une façon d’exprimer son amour pour l’écrivain.

Qu’est-ce qu’un Requiem ? Célébré lors des funérailles ou en mémoire d’un défunt c’est une longue prière adressée à Dieu pour qu’il accorde la paix éternelle à ceux qui ont quitté la vie. Y a-t-il un au-delà ? Verdi en doute, mais Manzoni y croyait, beaucoup y croient. Ce qu’il écrit, ce ne sont pas ses craintes, ce sont celles de beaucoup d’hommes, dont il imagine les voix. Individuelles ou collectives ces angoisses prennent tous les tons, du murmure à la véhémence, de l’effroi à la supplication. Mais comme aucune ne reçoit de réponse elles se succèdent jusqu’à l’effondrement final, la dernière plainte exhalée dans l’épuisement et l’épouvante.

C’est en restituant cet enchaînement que Riccardo Muti obtient l’effet dramatique voulu par Verdi. C’est presque en ascète qu’il traite la partition, tant il s’abstient d’effets hédonistes, de notes prolongées, de langueurs caressantes. Il n’y a pas de place pour la sensualité. Cette sobriété condense l’émotion, contrainte de s’amasser faute de pouvoir s’épancher avant la libération finale. La rapidité de l’enchaînement des mouvements n’autorise aucun fléchissement. La tension est constante. La précision tranchante dans la conduite dynamique et le modelé des contrastes, la requête incessante de nuances d’un frémissement de la main ou d’un regard construisent de mesure en mesure le tombeau de Manzoni.

Avec son expérience d’homme de théâtre Verdi a agencé très sûrement la répartition des textes rituels en fonction des quatre voix solistes et des effectifs importants du chœur. Aux uns et aux autres sont dévolus des climats et des effets particuliers, en fonction des timbres et du nombre. La rigueur imposée par le chef ne supprime évidemment pas la séduction des voix des solistes ; mais leur beauté intrinsèque – le miel pour Olga Borodina, la lumière pour Tatiana Surjan, l’émouvante fragilité pour Mario Zeffiri, la rondeur vibrante pour Michele Pertusi – ne donne pas à entendre, comme c’est souvent le cas, de l’opéra. Assurément c’est un mérite de ces artistes de s’être impliqués dans cette conception où leur individualité vocale devient l’expression du tourment d’un type humain. Quelle que soit la splendeur de l’Offertoire, le frisson que font passer le Tuba mirum ou le Mors stupebit, ou l’explosion du Dies irae, on n’entend pas une suite de morceaux de bravoure mais une composition en train de s’élever.

Pour le chef, l’œuvre est un des jalons qui font de la musique italienne un moteur essentiel de la notion d’humanisme. C’est la détresse de multitudes que Verdi a su exprimer, avec une justesse née de sa sensibilité, nourrie de sa connaissance de la musique du passé et de son imagination créatrice. L’interprétation qui en est donnée ici, sous la direction éclairante de Riccardo Muti, emporte vers la compassion et la solidarité plus que vers un espoir incertain. Elle n’en est pas moins réconfortante. Faut-il préciser que la présence du maître a manifestement inspiré les musiciens de l’orchestre, dont la transparence, la subtilité, la précision et la cohésion ont clairement fait un bond qualitatif ? Autant de motifs d’avoir le sentiment, dans la houle inlassable des ovations, d’avoir assisté, grâce à tous les artistes confondus, à un événement propre, en ces temps troublés, à redonner foi en l’homme !

 

 

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Giuseppe VERDI

Messa da Requiem


I. Requiem et Kyrie soprano, mezzo soprano, ténor, basse et choeur
II. Dies irae soprano, mezzosoprano, ténor, basse et choeur
Tuba mirum choeur – Mors stupebit basse – Liber scriptus mezzo soprano
Quid sum miser soprano, mezzo soprano et ténor – Rex tremendae soprano, mezzo soprano, ténor, basse et choeur
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Mario Zeffiri
Basse
Michele Pertusi

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Direction : Sigvards Klava
Choeur de l’Opéra national de Montpellier Languedoc-Roussillon
Direction : Noëlle Gény
Chef de chœur
Roberto Gabbiani
Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon
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Riccardo Muti

Montpellier, Opéra Berlioz, 14 et 15 janvier 2012

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