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DONIZETTI, Anna Bolena — Vienne (Staatsoper)

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Spectacle
2 avril 2011
Netrebko, reine des reines

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Tragedia lirica en deux actes
Livret de Felice Romani
créée le 26 décembre 1830 au Teatro Carcano de Milan

Détails

Mise en scène, Eric Génovèse
Décors et costumes, Jacques Gabek, Claire Sternberg, Luisa Spinatelli
Lumières, Bertrand Couderc
Chorégraphie, Johannes Haider
Enrico VIII, Ildebrando D’Arcangelo
Anna Bolena, Anna Netrebko
Giovanna Seymour, Elina Garanča
Lord Riccardo Percy, Francesco Meli
Smeton, Elisabeth Kulman
Sir Hervey, Peter Jelosits
Lord Rochefort, Dan Paul Dumitrescu
Chor der Wiener Staatsoper
Direction musicale, Thomas Lang
Orchester der Wiener Staatsoper
Direction musicale, Evelino Pido
Vienne, Staatsoper, 2 avril 2011

Annoncée depuis des mois comme l’événement lyrique de la saison, montée en épingle par la presse autrichienne, largement discutée à Vienne et au-delà, la première représentation d’Anna Bolena au Wiener Staatsoper a assurément été un moment historique. Pas uniquement pour cette ferveur toute viennoise qui fait oublier les catastrophes naturelles, les offensives militaires et les mariages princiers1 ; pas uniquement pour cette tension palpable aux premières loges, en galerie, en Stehplätze tout autant que sur la Herbert-von-Karajan-Platz d’où était retransmis devant plusieurs centaines de personnes le spectacle ; il y avait réellement quelque chose d’exceptionnel à voir et à entendre ce samedi à Vienne.

 

La prise de rôle d’Anna Netrebko d’abord. Grande triomphatrice de la soirée, elle y a été de bout en bout miraculeuse, et a fini de fracasser nos quelques dernières résistances à son art. La ligne de chant est superbe, les graves ne sont pas si inquiétants que l’on voudrait bien le dire, loin de là, et pas un seul aigu ne lui a cette fois résisté. Mais ne parler que de technique vocale, chercher à tout prix à comparer avec Sills ou Sutherland ne pourrait décrire qu’une partie de l’importance de cette prise de rôle. Il manquerait le formidable élan dramatique du jeu, l’impact physiquement sensible de tel aigu planant, l’émission tremblante d’un accès de fureur : en un mot, l’émotion. Celle qui transformera instantanément une « mangeuse de notes » en reine déchue, celle qui le temps d’un soir nous fera presque aimer Donizetti, celle enfin qui seule fera lever pendant vingt minutes deux mille privilégiés ébaubis. Celle aussi qui aura quelque peu manqué à Elina Garanča. Si la lettone est toujours aussi impeccable, irréprochable même, elle ne semble toujours pas avoir trouvé cette singularité, cette individualité que beaucoup lui prédisaient il y a déjà quelques années. Cinquante années plus tard, vous souvenez-vous de la brune Jane Russell dans Les hommes préfèrent les blondes ? Non : seule Monroe est restée. Dans cinquante ans, vous souviendrez-vous de la blonde d’Anna Bolena ?

 

Ildebrando d’Arcangelo, annoncé souffrant il y a quelques jours, a tout de même décidé de chanter son Henri VIII. La maladie n’a certainement pas entamé son imposant charisme ni son sex-appeal très The Tudors. La voix elle convainc de moins en moins. Ne tirons pas sur une ambulance ; mais ses précédentes prestations viennoises semblent nous indiquer qu’il ne s’agit pas là que d’un stigmate viral. Le timbre est terne, sans éclat, et le Henri VIII comme le Don Giovanni nous ennuient plus qu’ils nous exaltent. Francesco Meli séduit bien plus dans son Percy, très homogène et parfaitement soutenu. Enfin, une ovation méritée pour l’enfant du pays Elisabeth Kulman, qui campe un très sensible Smeton, tout en retenue malgré des graves parfois hésitants : qu’importe, c’est une actrice née.

 

Incompréhension aux saluts lorsque Eric Génovèse et son équipe sont apparus sous les huées du public viennois. Certains l’ont interprété comme un désaveu du conservatisme, les autres auraient été dépassés par la modernité des décors… On ne sait que dire, si ce n’est qu’il n’y avait ni à huer ni à applaudir. Costumes navrants de kitsch, décors en comparaison tristounets, direction d’acteurs – par moment seulement – inspirée, notamment dans une très belle confrontation Anna/Giovanna au II. Les voix, les voix, seulement les voix : nous sommes bien à Vienne. Enfin, s’il est bon ton de tomber à bras raccourcis sur Evelino Pido, nous essaierons de nous abstenir de jugements a priori et de juger sur pièces. Le fait est qu’avec l’un des plus bels orchestres d’opéra du monde, il est difficile de se rater magistralement : la soirée fut tendue, aiguisée, dramatique. Bel écrin pour la nouvelle reine des reines.

 

 

 

 

1 Pour ces derniers, l’accalmie sera de courte durée, et Kate Middleton reprendra vite le dessus sur Anna Bolena. Vous pouvez encore tenter de gagner une réplique de la bague de la future reine d’Angleterre : http://www.oe24.at/leute/international/william/50-traumhafte-Kate-Ringe-gewinnen/20937644.

 

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Tragedia lirica en deux actes
Livret de Felice Romani
créée le 26 décembre 1830 au Teatro Carcano de Milan

Détails

Mise en scène, Eric Génovèse
Décors et costumes, Jacques Gabek, Claire Sternberg, Luisa Spinatelli
Lumières, Bertrand Couderc
Chorégraphie, Johannes Haider
Enrico VIII, Ildebrando D’Arcangelo
Anna Bolena, Anna Netrebko
Giovanna Seymour, Elina Garanča
Lord Riccardo Percy, Francesco Meli
Smeton, Elisabeth Kulman
Sir Hervey, Peter Jelosits
Lord Rochefort, Dan Paul Dumitrescu
Chor der Wiener Staatsoper
Direction musicale, Thomas Lang
Orchester der Wiener Staatsoper
Direction musicale, Evelino Pido
Vienne, Staatsoper, 2 avril 2011

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