Toujours aussi belle, voire encore plus avec la maturité, June Anderson entre en scène, portant des bijoux Chopard et une tenue de Maurizio Galante, déclinée en deux tons pour chaque partie du concert : manteau gris anthracite et robe jaune bouton d’or pour la première partie, manteau bleu glacier et robe lilas pour la deuxième, le tout assurément d’une suprême élégance. Vocalement, la première partie la cueille à froid. Les « Old American Songs » de Copland sont écrites dans une tessiture assez centrale, voire grave, en particulier le célèbre « By the River » qui sollicitent un médium déficient. En revanche, après l’entracte, la voix radieuse s’épanouit pleinement dans l’admirable « Knoxville, Summer of 1915 » de Barber – composé pour un autre grand soprano, Eleanor Steber. Last but not least, « Dream with me » rappelle que la comédie musicale est un des terrains de prédilection d’Anderson, et qu’elle fut une Cunégonde d’anthologie dans le mémorable Candide en version de concert dirigé par Bernstein himself (il existe une captation, reportée sur DVD datant de décembre 1989 – un must !) . « Glitter and be gay » de Candide s’inscrit dans un registre humoristique et ironique, « Dream with me » nous transporte ailleurs, dans un monde plus sentimental, plus glamour, mais avec quel chic !
Autre grand moment de la soirée : l’œuvre fascinante de Philip Glass Echorus. On y remarque Joseph Swensen, excellent violoniste et chef principal invité de l’Ensemble Orchestral de Paris, ainsi que la talentueuse jeune premier violon du même orchestre, Deborah Nemtanu. Lequel orchestre brille de tous ses feux dans la très belle symphonie n°3 de Charles Ives, The Camp Meeting.
Formidable soirée, enthousiasme du public, qui, après le langoureux « Dream with me » attendait de manière évidente un bis de la merveilleuse June mais c’est le choeur qui redonna « Ching-a-ring chaw », avec beaucoup de panache.