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Récital — Bruxelles (Bozar)

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Spectacle
6 février 2011
Florez chez les belges

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Juan Diego Flórez
Orchestre National de Belgique
Alessandro Vitiello

Domenico Cimarosa
Il Matrimonio segreto, Sinfonia

Air: „Pria che spunti in ciel l’aurora“

Gioachino Rossini
Otello, ossia il Moro di Venezia, Sinfonia
Récitatif, air et cabalette: „Che ascolto? Ahimè, che dici?“

Gioachino Rossini
Tancredi, Sinfonia

Gioachino Rossini
Messa di gloria: „Qui tollis peccata mundi“

Pause

François-Adrien Boïeldieu
La Dame blanche
Air : « Viens, gentille dame »

Jules Massenet
Thaïs
« Méditation » : pour violon solo et orchestre

Giuseppe Verdi
Rigoletto
Balade : « Questa o quella per me pari sono ! »
Récitatif et air : « Ella mi fu rapita »

Giuseppe Verdi
Un Giorno di regno, Sinfonia
Air : « Pietoso al lungo pianto »

Bis

Charles Gounod
Roméo et Juliette
Cavatine : « Ah, lève-toi soleil ! »

Gaetano Donizetti
La Fille du régiment
Air : « Ah, mes amis, quel jour de fête »

Giuseppe Verdi
Rigoletto
Air : « La donna è mobile »

Palais des Beaux-Arts, Salle Henri Le Bœuf, Bruxelles,
dimanche 6 février 2011

Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles poursuit allègrement sa saison musicale dans le cadre du projet Bozar Music Lives avec, à la clé, une série de concerts menés tambour battant par l’Orchestre National de Belgique avec des solistes internationaux de premier plan. L’initiative, reposant sur une programmation habilement diversifiée, fait la part belle à une vaste palette de concerts, drainant un public très large et manifestement heureux d’apprécier une programmation musicale intelligente : c’est un franc succès. Salle comble pour ce rendez-vous de mélomanes (et néophytes) enthousiastes issus d’horizons divers, avides de réserver une chaleureuse ovation au « ténor du moment », le Péruvien Juan Diego Flórez, en tournée internationale et invité pour la première fois dans la capitale belge. Accompagné par l’O.N.B. placé sous la direction du chef d’orchestre italien Alessandro Vitiello, le concert se veut autant sobre qu’original : les amateurs de belcanto seront gâtés.

Visiblement ravi par l’accueil enthousiaste, Juan Diego Flórez joue et même abuse avec grâce de son capital de séduction : il aurait tort de s’en priver. Sa maîtrise technique et son assurance naturelle conquièrent les auditeurs. Son premier air Pria che spunti in ciel l’aurora, extrait de l’opéra bouffe de Domenico Cimarosa, Il Matrimonio segreto, présente un artiste manifestement dans son élément. Si le timbre n’est pas des plus irrésistibles, la voix est parfaitement placée, égale dans tous les registres, avec un legato souverain. La franchise de l’accent, le mordant de l’émission et surtout, la luminosité des aigus sont admirables : la virtuosité de la cabalette de Paolino est enlevée avec un naturel et un brio confondants.

Le ténor aborde ensuite l’air suivi de la cabalette extraits de l’Otello rossinien : choix relativement périlleux, car la tessiture du rôle est plus sombre, d’essence nettement plus dramatique. Les passages d’agilité et l’ornementation sont magnifiquement assurés, mais visiblement, la vocalité du Maure de Venise soumet la voix du ténor à une légère tension, qu’il négocie nonobstant avec véhémence, exception faite de quelques notes trop ouvertes et légèrement « endurcies » dans les passages fortissimo.

En guise de conclusion de la première partie du programme, le séduisant ténor brave avec une frappante autorité le Qui tollis peccata mundi extrait de la trop rare Messa di gloria de Gioachino Rossini, sans les chœurs. La partie de ténor est semée d’écueils et seule une technique rompue à l’école belcantiste peut venir à bout de cette partition. Juan Diego Flórez est ici époustouflant : les aigus et les staccati sont négociés avec un naturel et une maîtrise tout à fait aboutis.

La seconde partie du concert se poursuit avec le célebrissime air de La Dame blanche, Viens, gentille dame, l’un des chevaux de bataille du légendaire ténor français Edmond Clément (1867-1928) avec lequel il renoue dans la plus pure tradition des ténors d’opéra comique. Admirons la parfaite articulation du français et l’impressionnante maîtrise du souffle, dans un air trop souvent galvaudé.

Nous passons ensuite au Duc de Mantoue, un rôle qui souligne les limites de Juan Diego Flórez dans un répertoire de ténor lyrique brillant certes, mais qu’il n’est pas. Admettons cependant que le Questa o quella est enlevé avec beaucoup de panache et une grâce manifestes, tout comme le récitatif et l’air Ella mi fu rapita qui sont, sous le seul angle musical, finement ciselés.

Pour conclure cette opération de séduction bien rôdée, le ténor se mesure à nouveau à Giuseppe Verdi, mais dans une œuvre de jeunesse. Le choix se porte sur le très contesté Un Giorno di regno, ossia il finto Stanislao, le deuxième opus du compositeur de Busseto et l’une de ses seules incursions dans l’opéra comique (composé en 1840 pour le Teatro alla Scala.) La vocalité actuelle de Juan Diego Flórez se plie aisément aux sollicitations de la partition, même s’il est incontestable que la ligne de chant verdienne exige une voix plus corsée, plus riche en harmoniques, notamment dans le registre central de la voix. L’autorité vocale requise par le rôle du jeune officier Edoardo de Sanval est ici habilement détournée au profit d’effets compensatoires : aigus aisés et virtuosité fermement conduite (notamment dans la cabalette.) Même si cet opéra est un « dramma giocoso », le rôle exige une projection plus sombre et percutante (le créateur du rôle, Lorenzo Salvi, fut d’ailleurs un intense interprète du rôle terrifiant d’Arnold dans Guillaume Tell de Rossini ou encore, de Riccardo dans Oberto, Conte di San Bonifacio, du même Verdi : des rôles imposant une toute autre stature dramatique.)

Trois bis complètent le programme : la magnifique cavatine de Roméo, extrait de Roméo et Juliette « Ah, lève-toi soleil ! », le célèbre air de Tonio de La Fille du régiment (faisant écho aux récents succès du ténor dans ce rôle) et enfin, un autre air du Duc de Mantoue, le très populaire La donna è mobile.

La cavatine de Roméo est osée en bis, mais de toute évidence, si elle séduit par la franchise de l’élan, ce choix est-il bien sage ? Du reste, le troisième bis offert par Juan Diego Flórez, l’air « La donna è mobile » soulève, dans une moindre mesure, les mêmes réserves. C’est avec l’air de Tonio et ses neuf intimidants contre-Ut, enlevés avec une facilité déconcertante, que l’on retrouve le ténor dans toute sa splendeur, en parfaite adéquation vocale et stylistique.

Pour soutenir avec éclat ce beau programme, l’Orchestre National de Belgique est confié à la direction dynamique et attentive d’Alessandro Vitiello. Tout au long de la soirée, le chef d’orchestre est en totale symbiose avec ses musiciens, tout comme il soutient idéalement le chant de Juan Diego Flórez, ne formant qu’un dans les passages les plus nuancés de la partition. Tout au plus, l’ouverture du Matrimonio segreto conduite par instants comme une symphonie d’Anton Weber aurait gagné à être dirigée avec plus de légèreté et de souplesse.

Citons enfin la « Méditation » de Thaïs, extraite de l’opéra éponyme de Jules Massenet, jouée en deuxième partie. Restituée de manière envoûtante par le Konzermeister Alexei Moshkov, son archet expérimenté porte la reprise du leitmotiv de Thaïs vers un ineffable pianissimo final beau à couper le souffle.

Cette mosaïque d’instants privilégiés fixe le souvenir d’une magistrale soirée musicale. 
 

 

 

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Otello, ossia il Moro di Venezia, Sinfonia
Récitatif, air et cabalette: „Che ascolto? Ahimè, che dici?“

Gioachino Rossini
Tancredi, Sinfonia

Gioachino Rossini
Messa di gloria: „Qui tollis peccata mundi“

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« Méditation » : pour violon solo et orchestre

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Récitatif et air : « Ella mi fu rapita »

Giuseppe Verdi
Un Giorno di regno, Sinfonia
Air : « Pietoso al lungo pianto »

Bis

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Roméo et Juliette
Cavatine : « Ah, lève-toi soleil ! »

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La Fille du régiment
Air : « Ah, mes amis, quel jour de fête »

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