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STRAUSS, Vier letzte Lieder — Strasbourg

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Spectacle
18 juin 2010
De superbes sonorités… en manque de profondeur

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2

Infos sur l’œuvre

Détails

Concert Strauss/Mahler (Epple – Festival de Strasbourg)

Richard STRAUSS

(1864-1949)

Vier Letzte Lieder

 

Gustav MAHLER

(1860-1911)

Quatrième symphonie

 

  

Christiane Oelze, soprano

SWR Sinfonieorchester Baden-Baden & Freiburg

direction : Roger Epple

 

Dans le cadre du Festival de Strasbourg

 

Strasbourg, Palais de la Musique et des Congrès, 18 juin 2010

 

 

 

 

De superbes sonorités… en manque de profondeur

 

Le Festival de Strasbourg, qui se tient dans la capitale alsacienne chaque mois de juin, propose à partir de cette édition un « Mahler Project » qui s’étalera sur trois années. Le projet, à défaut d’être original (à quand une intégrale des symphonies de Sibelius, de Prokofiev ou de Magnard par exemple ?), a le mérite de reposer sur les épaules du superbe SWR Sinfonieorchester Baden-Baden & Freiburg dont le directeur musical, Michael Gielen, partage, pour l’occasion, la direction avec d’autres chefs comme Pietari Inkinen et Thierry Fischer. Hélas, celui-ci, qui devait diriger ce concert du 18 juin, tombe malade. Heureusement, le Festival trouve l’homme providentiel en la personne de Roger Epple, jeune chef allemand au déjà beau parcours.

Il est à parier que la Quatrième symphonie de Gustav Mahler a dû faire l’objet de la plupart des répétitions tant les Quatre derniers Lieder de Strauss semblent expédiés. Les tempi sont en effet fort rapides, sinon trop, la texture extrêmement riche de ces bijoux en devenant par moments un peu brouillée. Surtout, le caractère élégiaque et mélancolique s’accorde mal avec une direction aussi vive et allante (à laquelle seul le dernier lied échappe à peine).

Mais le malaise provient aussi d’une désagréable impression d’un chef un peu dépassé par la profondeur de l’œuvre, impression accentuée par la sensation d’un orchestre comme en pilotage automatique : le chef semble davantage suivre les musiciens que les guider.

Quant à la soprano Christiane Oelze, elle se lance dans ces lieder comme dans des scènes d’opéra. La voix est belle, même si d’un timbre assez commun, et la chanteuse est à l’aise avec la tessiture (égalité des registres, souplesse de l’aigu). C’est certes beau, mais on avoue avoir été un peu déconcerté par une lecture aussi « active » d’œuvres crépusculaires et l’entracte nous laisse dubitatif quant à la suite du programme.

 

Si la Quatrième de Mahler est en effet un peu la « Pastorale » du compositeur viennois, elle ne manque pas de moments sombres et élégiaques (le sublime Adagio, le finale éthéré…). Pourtant, Roger Epple se montre bien plus concerné que dans Strauss. Le discours est tenu plus fermement, avec une belle mise en valeur des relents de musique populaire, et un dynamisme bienvenu parcourt les premier et troisième mouvements. On aurait cependant souhaité par moments une ironie plus mordante et on regrette, là encore, un manque de profondeur dans l’Adagio, notamment du fait d’une tension un peu molle dans les moments les plus intenses du mouvement. Le lied final est par contre réussi et la fin apaisée s’accorde bien avec le soprano ductile de Christiane Oelze même si, là encore, on peut regretter que la chanteuse se croie davantage à l’opéra que dans une symphonie…

 

Durant tout le concert, on aura en tout cas pu goûter les merveilleuses sonorités de l’orchestre. Toutes les familles d’instruments sans exception sont à louer, des cordes, dont tous les pupitres brillent (y compris les somptueux seconds violons ou les contrebasses par exemple), aux cuivres, très ronds, et bois à la sonorité bien différente des orchestres français (notamment le hautbois), en passant par les percussions dont les timbales sont absolument splendides (les coups piano qui parsèment le début du quatrième lied de Strauss sont à se pâmer). Les soli sont tous remarquablement tenus, du premier violon dans Mahler au cor dans Strauss. Surtout, la cohésion du groupe est sensible, l’investissement de tous les musiciens impressionnante et la justesse somptueuse des vents magnifie les harmonies qui parsèment les lieder de Strauss, notamment la fin du troisième, au point d’en susciter l’admiration de Christiane Oelze qui se retourne alors vers eux comme pour les complimenter.

 

Pierre-Emmanuel Lephay

 

Suite du « Mahler Project » : 7° symphonie « Chant de la nuit » dirigée par Michael Gielen, vendredi 25 juin, PMC Strasbourg.

http://www.festival-strasbourg.com/classiques72/25juin.php

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