Peu connue de ce côté du globe, la soprano et compositrice australienne Deborah Cheetham était l’invitée lundi dernier à Paris de la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Au programme, six œuvres dont quatre de sa composition, en relation avec l’exposition consacrée jusqu’au 6 novembre à sa compatriote, l’artiste aborigène Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori.
« Je suis une citadine du XXIe siècle, appartenant au peuple Yorta Yorta par ma naissance et à la ‘’génération volée’’ en raison de la politique menée par les autorités australiennes, soprano par zèle, compositrice par nécessité et lesbienne par pratique. », déclare Deborah Cheetam, auteure en 2010 du premier opéra aborigène d’Australie – Pecan Summer –, fondatrice du premier ensemble de musique de chambre des aborigènes d’Australie et des autochtones des îles du détroit de Torrès, officier de l’Ordre d’Australie et depuis l’an passé, présidente des Nations premières du Melbourne Symphony Orchestra.
Aux frontières de l’atonalité, sa musique (à laquelle elle prête sa propre voix) use des ruptures de rythme et d’une subtile palette de sonorités instrumentales plus proches à notre sens de l’impressionnisme que des larges aplats de couleurs franches dont Sally Gabori aime animer ses toiles. Surligné par le Chineke! Chamber Ensemble, son lyrisme s’exerce plus particulièrement dans Dibirdibi – une commande de la Fondation Cartier – en fin de concert, après l’interprétation de deux mélodies de Lili Boulanger – sa « compositrice préférée » – accompagnée cette fois au piano par Toni Lalich, sa partenaire à la scène comme à la ville.
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