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Le droit inaliénable au silence

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Edito
10 janvier 2022
Le droit inaliénable au silence

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Soudain il n’y eut dans nos vies plus d’églises. On trouva d’autres temples où fleurit notre spiritualité. Par exemple, il s’y fit de la musique et on trouva important de s’y réunir dans le calme pour écouter. Fut-ce d’ailleurs chose commune dans l’histoire des hommes que de former des grappes de silence ? De ne pas chercher à dire mais à entendre. Le miracle des salles de concert n’est pas qu’on y produise de la musique mais que s’y trouve un silence collectif, une hébétude concertée. 

Dire du monde qu’il n’est que bruit n’est sans doute qu’une banalité, mais c’est une banalité d’un genre criant. Les réseaux sociaux ne sont que le symptôme d’une humanité ivre de crier, ce grouillement informe d’assertivité, somme des ignobles certitudes d’une espèce qui n’entend plus exister que dans l’affirmation. Ce que la musique nous offre est un espace où l’opinion est abolie, un incubateur d’émotions dont la caresse placentaire renvoie l’homme à l’ivresse de l’incertitude.

Dès lors n’est-il pas surprenant qu’on tente de fermer les maisons qui placent le silence au cœur de leurs préoccupations ? Comme si la frénésie et l’agitation des uns cherchait à abattre la circonspection et la poésie des autres. En vérité, quand une représentation d’opéra est annulée ce n’est pas tant qu’on renvoie artistes et mélomanes à la maison, à se gaver de séries sur Netflix, c’est surtout qu’on décide qu’il est inadmissible que deux mille paires d’yeux viennent, sans rien réclamer d’autre que l’émerveillement, vibrer ensemble, dans l’intériorité et le respect de la beauté. Soudain il n’y eut plus de lieux de culture. Et le bruit du monde s’amplifia encore et encore. Jusqu’à ce qu’il soit permis d’y deviner les contours des borborygmes de l’enfer.

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