« Tempora mutantur », puisqu’à l’équipe de Laurent Joyeux a succédé celle de Dominique Pitoiset. Ce dernier s’est entouré de Bruno Hamard, qui vient de l’Orchestre de Paris, après avoir administré l’Odéon, et de Stephen Taylor dont on a en mémoire les mises en scène de l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris. Les temps changent. C’est le sous-titre que Haydn donna à sa symphonie en la majeur, jouée au premier des trois concerts gratuits, échelonnés sur un long week-end festif à l’Opéra de Dijon. Fermé au public depuis de longs mois, il marque ainsi sa réouverture ainsi que le lancement de la saison prochaine.
Le programme, annoncé comme « illustration éclatante » du croisement des genres ne manquera pas de surprendre : « Digne d’une Maison de la Culture des années 70 » maugréent certains. En effet, pour « redonner aux spectateurs le goût des arts, de la découverte, de l’échange et du partage », le Maire, François Rebsamen, responsable du changement, se réjouit de cette nouvelle orientation. Plus de résidences, plus d’orchestre prestigieux, à part un concert de l’ONF, plus de metteurs en scène de premier plan, une seule coproduction pour un opéra avec Nancy, de rares récitals de chant, la musique de chambre réduite à la portion congrue, la pilule est amère. Des neuf opéras annoncés ne restent que six, en renvoyant les spectacles (louables) à destination du jeune public. Macbeth, programmé par la précédente équipe, est la seule production d’ampleur (2, 4, 7 et 9 novembre). Cosi fan tutte, sera revisité par Dominique Pitoiset (6,8, 10 et 12 février). Les autres seront données au « Grand » théâtre. Une intéressante et rare Isola disabitata de Haydn sera à suivre du 27 nov. au 3 déc., dirigée par Leonardo Garcia Alarcon ; un Couronnement de Poppée confié à Vincent Dumestre du 20 au26 mars ; Julie, de Philippe Boesmans (4 et 7 mai), coproduit avec Nancy, et enfin un Don Pasquale (10 et 15 mai) avec Laurent Naouri. Cela fait huit levers de rideau à l’auditorium et onze au Grand théâtre. En incluant les récitals lyriques et les spectacles pour enfants, l’offre était de 55469 places offertes la saison dernière. Elle se réduit à 36858 : les chiffres parlent d’eux-même.
Tout est à prendre, évidemment, mais notre faim est loin d’être satisfaite. Rare rescapé de cette double épreuve (COVID et changement de direction) : Leonardo Garcia Alarcon. Le chef argentin reviendra avec sa Cappella Mediterranea le 19 septembre (de Monteverdi à Rameau), puis pour l’azione teatrale de Haydn, enfin pour la Passion selon saint Matthieu (5 avril), promise la saison dernière…
Huit programmes de danse, quatre de cirque, deux de « théâtre et musique » où les metteurs en scène ont tout pouvoir, des inclassables (Gilberto Gil, Anouar Braham Quartet, du fado, Brad Mehldau etc.). Et ce n’est qu’un début : le nouveau directeur est fier de cette « ouverture, annonciatrice de celles qui suivront ». Le Ministère de la Culture lui a confirmé le renouvellement de la convention qui labellise l’Opéra de Dijon « Théâtre lyrique d’intérêt national »… Vous avez dit « lyrique » ?
https://opera-dijon.fr/fr/au-programme/calendrier/saison-21-22/opéra