Mercredi 19 mai a marqué la réouverture en France des lieux de culture : cinémas, musées, théâtres… L’a-t-on attendu ce moment !
A un point tel que pour un peu, dans l’euphorie de la liberté revenue, on oublierait combien les consignes sanitaires continuent d’affecter les règles de ce jeu de société géant qu’on appelle opéra. Les heures de représentation calées sur l’horloge du couvre-feu, les jauges réduites, les bars fermés, l’entracte escamoté, le port du masque, toutes ces contraintes qui, sous prétexte de « distanciation », empêchent l’accomplissement du rite social et imposent finalement de n’aller à l’opéra que pour l’opéra. Qu’importe ! Le FFP2 paralyse l’interaction mais n’empêche pas le public de communier avec les artistes dans l’allégresse des salles de spectacle retrouvées. Si l’art lyrique privé de la rumeur des foyers et de ses after mondains n’est plus une fête pour certains, il reste pour d’autres une source inépuisable de joie.
Sur l’incertitude du lendemain, sur les variants de toutes nationalités, sur le pass sanitaire et les tests PCR nécessaires pour franchir les frontières, sur l’intubation de la vie culturelle durant ces derniers mois, sur les méfaits induits par la consommation gratuite de streaming, sur les recettes en péril des billetteries, sur les collectifs d’occupation des théâtres, sur les déclarations à l’emporte-pièce de certains de nos édiles pressés de mettre à profit la situation pour tirer un trait sur un genre qui n’est pas le leur, sur les affiches de la discorde et de l’impéritie, sur les Cassandre des réseaux sociaux qui enveloppent de hashtag funestes leurs sombres prédictions, un seul mot : rideau !
Face aux inconnues du déconfinement, s’il est un enseignement à tirer de la crise sanitaire et à opposer aux lyrico-sceptiques, c’est l’absolue nécessité de la culture, pour tous, au quotidien. Etudes scientifiques à l’appui, un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé publié en 2019 le démontrait ; le virus l’a confirmé : la pratique culturelle joue un rôle crucial dans la prévention de la santé mentale, le bien-être et la cohésion sociale. Aux règles d’hygiène de vie, au « buvez (de l’eau), bougez, éliminez », aux cinq fruits et légumes par jour, il faut désormais ajouter ce codicille : « cultivez-vous ! ».
Sur France Culture, la psychanalyste Claude Halmos argumente : « Aller dans les lieux de culture est important parce que partager nos émotions avec les autres, les amplifie et les inscrit dans une circulation des émotions qui est à la fois revigorante, et humanisante. […] On parle de « spectacle vivant », mais il est aussi vivifiant, parce que l’énergie qui circule à travers les corps, nous aide à « recharger » si l’on peut dire, « nos batteries ». ».
Ca tombe bien ! Les communiqués s’enchainent ; les programmes refleurissent ; des festivals s’improvisent ; les annonces des saisons prochaines bourgeonnent. Il y a dans l’air comme un frémissement qui invite à élargir l’horizon et fredonner « Nessun dorma » en résiliant son abonnement Netflix. Que personne ne dorme ! L’Opéra est de retour.