L’annonce devait en être faite le 18 mai prochain mais des brochures déjà envoyées et consultées ont provoqué autant de fuites dans la presse et sur les réseaux sociaux. On connait donc la prochaine saison de l’Opéra national de Paris, celle qui se veut la première d’Alexander Neef, composée dans les conditions que l’on sait : celle de son arrivée anticipée dans un contexte de pandémie inextricable. 21, c’est le nombre de productions proposées, sept seront données à Garnier et quatorze à Bastille. On y dénombre quinze reprises dont certaines n’ont pas été remontées depuis de nombreuses années. Il s’agit, dans l’ordre chronologique, d’Iphigénie en Tauride de Gluck dans la production controversée de K. Warlikowski (septembre), L’Elixir d’amour selon Laurent Pelly (octobre), Le Vaisseau fantôme signé Willy Decker (octobre), Rigoletto encartonné par Klaus Guth (octobre/novembre), Alcina revue par Robert Carsen (novembre/décembre), ainsi que La Khovantchina signée Andrei Serban (janvier/février). Puis viendront le récent Don Giovanni mis en scène par Ivo van Hove (février) et la non moins récente Manon proposée par Vincent Huguet dont la série de représentations à peine entamée a été interrompue par le premier confinement (février). Suivront Elekra selon Robert Carsen (mai), Parsifal par Richard Jones (mai/juin), Le Barbier de Séville façon Damiano Michieletto (juin), Platée concocté par Laurent Pelly (juin/juillet) et enfin le Faust spectaculaire imaginé par Tobias Kratzer en mars dernier dont le public n’a pu assister qu’à la retransmission sur France 5 (juillet).
Parmi les nouvelles productions – dont certaines ont déjà été vues ailleurs lorsqu’il s’agit de coproductions – pas moins de quatre concernent des ouvrages qui feront leur entrée au répertoire de la maison :
7 Death of Maria Callas, spectacle déjà programmé cette saison, puis annulé (septembre), A Quiet Place, le dernier opéra de Leonard Bernstein dont la mise en scène sera réalisée par Krzysztof Warlikowski (mars), la Cendrillon de Massenet qui sera confiée à Mariame Clément (mars) et Fin de Partie composé par György Kurtág d’après l’œuvre de Samuel Beckett et mis en scène par Pierre Audi (mai) à la Scala de Milan.
Quant aux autres nouvelles productions elles concernent Œdipe de Georges Enesco, créé à Garnier en 1936 qui fait son retour au répertoire de la maison, cette fois à Bastille, dans une mise en scène de Wajdi Mouawad dont ce seront les débuts à l’Opéra de Paris (septembre), Turandot revisité par Robert Wilson (décembre), Les Noces de Figaro dont Netia Jones réalisera les décors, les costumes et les vidéos en plus de la mise en scène (janvier), Wozzeck, un spectacle signé William Kentridge que l’on a pu voir au cinéma en direct du Metropolitan Opera en janvier 2020 (mars).
Deux ouvrages seront confiés à Gustavo Dudamel, le nouveau directeur musical, Turandot et Les Noces de Figaro. Parmi les chefs invités notons la présence de Thomas Hengelbrock (Iphigénie Alcina et Faust), Dan Ettinger et Giacomo Sagripanti qui se partageront Rigoletto, Hartmut Haenchen (La Khovantchina), Bertrand de Billy (Don Giovanni), Kent Nagano (A Quiet Place), Susanna Mälkki (Wozzeck), Carlo Rizzi (Cendrillon) Semion Bychkov (Elektra), Simone Young (Parsifal), Roberto Abbado (Le Barbier) et Marc Minkowski (Platée).
Quant aux distributions, comme nous l’avons déjà indiqué nous n’entendrons ni Kaufmann, ni Netrebko, ni Radvanovski, ni Yoncheva, en revanche nous pourrons applaudir Christopher Maltman, John Tomlinson, Laurent Naouri, Nicolas Cavallier, Ekaterina Gubanova et Clémentine Margaine dans Œdipe ainsi qu’Anne-Sophie von Otter qui fera son retour à Garnier dans le rôle de Mérope. Pene Pati et Matthew Polenzani dans L’Elixir, Ludovic Tézier qui alternera avec Željko Lučić dans Rigoletto avec les Gilda de Nadine Sierra et Irina Lungu et les ducs de Dmitry Korchak et Joseph Calleja qui fera enfin ses débuts à l’ONP dans un de ses meilleurs rôles. Jeanine De Bique, Gaëlle Arquez, Sabine Devielhe et Nicolas Courjal se partageront l’affiche d’Alcina, Peter Mattei sera le Comte des Noces de Figaro aux côtés de Miah Persson, Ildebrando D’Arcangelo, Léa Desandre et Angelika Kirchschlager, Christian van Horn sera Don Giovanni et reprendra Méphisto avec à nouveau Benjamin Bernheim et Florian Sempey autour de la Marguerite d’Angel Blue, Patricia Petibon et Frédéric Antoun défendront A Quiet Place, Waltraud Meier, Elza van den Heever et Christine Goerke s’affronteront dans Elektra, René Barbera, Marianne Crebassa et Alex Esposito s’amuseront dans Le Barbier tandis que Lawrence Brownlee se mesurera à Platée.
On trouvera bien sûr dans les diverses distributions d’autres noms, certes moins connus, qui constitueront pour certains –soyons optimistes – d’heureuses découvertes