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Apollo e Dafne

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19 février 2021
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2

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Détails

Georg Friedrich Haendel

1-3 Concerto en si bémol majeur pour harpe (Osian Ellis) et orchestre, op.4 n°6 HWV 294
The Boyd Neel Orchestra, direction Thurston Dart. Production en studio BBC du 26 février 1957

4-12 Apollo e Dafne, cantate pour baryton et soprano HWV 122
Thomas Hemsley, baryton
Arda Mandikian, soprano
Geraint Jones Orchestra
Direction musicale
Geraint Jones
Concert diffusé en direct du Royal Festival Hall, le 10 janvier 1955

13-15 Concerto grosso en si bémol majeur HWV 312
The Boyd Neel Orchestra, direction et clavecin : Thurston Dart. Production en studio BBC du 26 février 1957

16 Sosarme HWV 30 : Acte II scène 13 – « In mille dolci modi al sen ti stringerò »
Alfred Deller, contreténor
Margaret Ritchie, soprano
The Saint Cecilia Orchestra
Thurston Dart, clavecin
Direction musicale
Anthony Lewis
Extrait d’une prestation en studio de la BBC, diffusé en direct le 1er février 1955

1 CD Cameo Classics 9127
Durée : 69’28 »

Nos amis britanniques s’y entendent pour perpétuer les traditions. Qu’il s’agisse de conduire du côté gauche de la route ou de promouvoir le jeu de cricket dans leurs anciennes colonies, on peut compter sur eux – en mesures impériales of course, pas dans le système métrique, dont la froideur cartésienne est totalement dénuée de poésie.

Dans le domaine de la musique, voilà près de cinq siècles que le chant choral s’épanouit outre-Manche, dans les cathédrales, les collèges et parmi des milliers de sociétés d’amateurs, assurant un niveau remarquable de la pratique vocale. Autre exemple : depuis sa création en 1741, le Messie de Haendel résonne pratiquement chaque année quelque part au Royaume Uni. Certes, il a fallu attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que la pratique historiquement informée vienne remettre de l’ordre dans les dérives peu respectueuses du texte original. Même en Grande Bretagne, le respect de la tradition s’accommodait volontiers d’entorses aux sources, pour sacrifier au goût du jour.

Le présent CD donne la mesure du chemin parcouru dans le domaine de l’interprétation de Haendel et du répertoire baroque en général. Il illustre bien le rôle que certains pionniers britanniques ont joué dans la redécouverte de cette merveilleuse musique. 

L’origine de cet album constitue à elle seule une histoire fascinante : il s’agit d’une compilation provenant des archives personnelles de Richard Itter, fondateur de Lyrita Records, un excellent label qui s’est concentré sur les compositeurs britanniques à partir de 1958. Collectionneur passionné, mélomane exigeant et audiophile pointu, Itter a enregistré de manière professionnelle une série de programmes produits et de concerts captés par la BBC dans les années ’50. Il faut savoir que sous la pression du puissant syndicat des musiciens, la BBC n’était pas autorisée à conserver des enregistrements de ces concerts. Fort heureusement, les archives personnelles de Richard Itter ont contourné cet interdit et un accord a pu être trouvé en 2014 avec la BBC et la Musicians’ Union pour sortir commercialement des dizaines de ces précieux témoignages de la vie musicale au Royaume Uni. Ils sont repris sous le label Cameo Classics, une filiale de Lyrita, distribuée par Naxos, sous le nom de Itter Broadcast Collection

Le présent CD présente 4 facettes différentes de Haendel, qui ont été enregistrées de 1955 à 1957. Nous en retiendrons les deux pièces vocales : la cantate Apollo e Dafne – qui donne son titre à l’album – et un bref extrait de l’opéra Sosarme. Haendel entame la composition d’ Apollo e Dafne à la fin de son séjour italien, en 1709, et l’achève à Hanovre l’année suivante, juste avant son départ vers l’Angleterre. La pièce reflète l’inspiration que le Saxon a trouvée dans la péninsule et annonce la formidable production opératique qu’il va développer à Londres. Il s’agit d’une cantate importante : outre les deux chanteurs et les cordes habituelles, elle demande une flûte, 2 hautbois et un basson. Thomas Hemsley a fait ses débuts trois ans plus tôt aux côtés de Kirsten Flagstad dans le Didon et Enée de Purcell. Il figure d’ailleurs sur le légendaire enregistrement de 1952 de cette pièce, avec Schwarzkopf, Flagstad, mais aussi Arda Mandikian et Geraint Jones. Hemsley mènera une belle carrière, construite en troupe, en Allemagne et à Zurich. Il reprendra à plusieurs reprises le rôle d’Enée mais chantera aussi Mozart, Verdi et Wagner, jusqu’à Bayreuth. Son chaleureux baryton propose un Apollon joyeux et extraverti, comme il se doit quand on courtise les nymphes. La voix, bien placée en avant offre une diction claire, et convient bien au répertoire baroque, même si son italien laisse parfois percevoir un léger accent anglais. Le parcours et la voix d’Arda Mandikian – Dafne – sont plus classiques. Elle fit ses débuts à Athènes aux côtés de Callas avant de s’établir en Angleterre, où elle connaît un beau succès. C’est pour elle que Britten écrit le rôle du fantôme de Miss Jessel dans The Turn of the Screw, qu’elle crée en 1954, soit un an avant le présent concert. Avouons qu’elle convainc moins dans Haendel que Hemsley, étant entendu que l’indulgence s’impose devant le travail de ces pionniers. Il en va de même pour Geraint Jones, qui conduit ici son propre ensemble d’instruments modernes, qui n’est guère rompu aux articulations baroques. 

Le CD se conclut sur une petite rareté : Alfred Deller ne s’est guère intéressé aux opéras de Haendel, hormis Acis & Galatea et Sosarme qu’il a gravé la même année 1955, et dont nous sommes gratifiés d’un extrait. A écouter cet air « In mille dolci modi », il est difficile de résister au charme exceptionnel de cette voix hors du commun, à laquelle tous les contre-ténors de la planète doivent tant. Pour certains, c’est la combinaison du timbre séraphique de Deller et sa manière épurée de conduire le chant, sans effets ni vibrato, qui a amené de nombreux instrumentistes à rechercher un jeu, une pratique qui puisse s’harmoniser de manière convaincante à cette voix venue du passé, tant dans les timbres que dans l’articulation. Deller est ici accompagné au clavecin par un autre pionnier : Thurston Dart. Claveciniste, organiste, musicologue et chef d’orchestre, 2021 commémore à la fois le centenaire de sa naissance et les 50 ans de son décès. Il est venu à Bruxelles approfondir son intérêt pour les musiques du passé auprès de Charles Van den Borren, figure essentielle du mouvement de redécouverte des musiques anciennes. Dart fut proche de Neville Marriner et ses cours de musicologie à Cambridge ont eu parmi ses élèves Michael Nyman, Christopher Hogwood ou John Eliot Gardiner.

Voici un disque qui nous plonge plus de 60 ans en arrière, et nous raconte un peu de l’histoire fascinante de ces enthousiastes passionnés par une musique qui n’existait plus que dans les livres, et qu’ils ont largement contribué à faire revivre. Il permet de revivre un peu l’émotion que pouvaient ressentir les musiciens et les mélomanes qui découvraient ces merveilleuses compositions.

 

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Georg Friedrich Haendel

1-3 Concerto en si bémol majeur pour harpe (Osian Ellis) et orchestre, op.4 n°6 HWV 294
The Boyd Neel Orchestra, direction Thurston Dart. Production en studio BBC du 26 février 1957

4-12 Apollo e Dafne, cantate pour baryton et soprano HWV 122
Thomas Hemsley, baryton
Arda Mandikian, soprano
Geraint Jones Orchestra
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Geraint Jones
Concert diffusé en direct du Royal Festival Hall, le 10 janvier 1955

13-15 Concerto grosso en si bémol majeur HWV 312
The Boyd Neel Orchestra, direction et clavecin : Thurston Dart. Production en studio BBC du 26 février 1957

16 Sosarme HWV 30 : Acte II scène 13 – « In mille dolci modi al sen ti stringerò »
Alfred Deller, contreténor
Margaret Ritchie, soprano
The Saint Cecilia Orchestra
Thurston Dart, clavecin
Direction musicale
Anthony Lewis
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Durée : 69’28 »

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