C’est dans une petite ville située aujourd’hui au sud-est de la Slovaquie, Komárno (qui s’appelait alors Komárom et se situait plutôt dans le royaume de Hongrie) que vient au monde le petit Franz Lehár voici 150 ans. Dans le très cosmopolite empire austro-hongrois, il partage ses ascendances entre la Bohème tchèque, dont sa famille paternelle est originaire, et la Hongrie, d’où sa mère est native. Son père, Franz lui aussi, est le chef de la fanfare d’un régiment d’infanterie. C’est ainsi que Franz junior débutera d’ailleurs sa carrière après avoir été initié au violon, son instrument de prédilection, qu’il peaufine au Conservatoire de Prague. Comme chef d’orchestre militaire, le plus jeune de l’histoire de l’armée impériale, il fera un parcours prestigieux en passant du rang au podium en succédant à son père à Budapest puis à Vienne pendant 3 ans jusqu’en 1902, après quoi il dirige l’orchestre du Theater An der Wien. À cette date cependant, il s’est déjà essayé au genre lyrique, qui sera sa boussole et en particulier l’opérette, où il deviendra une véritable star à Vienne, dans le sillage de Johann Strauss fils. Même si son nom est bien sûr associé à ce genre pétillant et s’il lui a donné jusqu’à la dernière (Giuditta, 1934) de nouvelles lettres de noblesse remplies de références folkloriques, Lehár composera aussi deux concertos pour son instrument favori, plusieurs sonates pour piano, des musiques de film, mais aussi comme son illustre devancier, 65 valses, plus de 50 marches et autres 90 mélodies.
Pour commémorer ces 150 ans, plutôt qu’un extrait au champagne de la Veuve joyeuse ou du Pays du sourire, ses deux opus les plus joués encore aujourd’hui, je vous propose un extrait de sa première partition lyrique qui n’est pas une opérette, mais bien un opéra : Kukuschka (Le coucou), créé en 1896 et que Lehár reprendra 10 ans plus tard sous le titre de Tatiana, et dont voici un chœur enlevé annonciateur de ce qui suivra.