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Elegy – Purcell & Blow

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CD
17 avril 2020
Plaisir régressif, mais mitigé

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Henry Purcell

Hark how the songsters

In vain the am’rous flute

O solitude

Chaconne from Dioclesian

John Blow

Ah heav’n, what is’t I hear?

Henry Purcell

Sound the trumpet

Since the toils and the hazards of war

Sing, sing, ye druids

John Blow

Paratum cor meum

Three elegies upon the much lamented loss of our late most gracious Queen Mary

Henry Purcell

The Queen’s Epicedium: Incassum Lesbia

John Blow

The Queen’s Epicedium: No, Lesbia, no, you ask in vain

Henry Purcell

O dive custos Auriciae domus

John Blow

An ode on the Death of Mr Henry Purcell

Iestyn Davies, James Hall, countertenors

The King’s Consort

Direction musicale

Robert King

Enregistré à Alpheton New Maltings, Suffolk, 6-8 janvier 2019

1 CD Vivat 118 – 77’33

D’aucuns se précipiteront sur cet album pour répondre à l’appel urgent d’un plaisir régressif et rassurant face à une actualité terriblement anxiogène : celui de se laisser ravir par les arabesques aériennes et suaves des duos de Blow et de Purcell que les contre-ténors épousaient longtemps avant de se frotter aux acrobaties des castrats, mais qu’ils n’ont guère immortalisées au disque. Dommage, toutefois, que ce CD arrive si tard dans la carrière de Iestyn Davies.

Bien que l’artiste puisse encore nous bouleverser sur scène et transcender l’érosion des moyens, les micros se révèlent cruels et ne nous épargnent rien des outrages du Temps alors que l’instrument de James Hall possède une tout autre fraîcheur. En outre, ce copieux récital doit affronter une concurrence redoutable en termes de plastique vocale. En effet, à un duo près (No, resistance is but vain de Purcell), il reprend l’intégralité du programme que Robert King avait déjà gravé avec James Bowman et Michael Chance en 1987. Ce titre mythique du catalogue Hyperion a marqué les esprits et risque de hanter l’auditeur. Vraie vedette du projet, Iestyn Davies hérite également de l’ode de Blow sur la mort de la reine Mary (No, Lesbia, no, you ask in vain) et d’un récitatif tiré de l’acte II de Dioclesian « Since the toils and the hazards of war » dont le King’s Consort exécute aussi une chaconne. 

L’alto masculin aurait-il pu renaître comme soliste ailleurs qu’au Royaume-Uni ? Il n’a jamais totalement disparu de la vie musicale outre-Manche, même au cours du dix-neuvième siècle, bien qu’il fut alors relégué dans les chœurs des maîtrises. A la suite d’Alfred Deller, des générations de falsettistes, communément appelés aujourd’hui « contre-ténors », se sont appropriés les parties de countertenor qui abondent dans le patrimoine insulaire, mais dont l’ambitus varie beaucoup. Certaines parties graves mettent en difficulté les contre-ténors et Iestyn Davies n’échappe malheureusement pas à la règle. Le falsetto d’Alfred Deller avait une extension inhabituelle, il demeurait sonore et coloré sous la portée, de même que celui de James Bowman, tandis que chez la plupart des contre-ténors surtout britanniques, l’émission devient souvent problématique et prive les notes de substance comme d’énergie. Or, en adoptant le diapason plus bas qui, selon les historiens, devait être en usage à l’époque (392 hz), des ténors aigus peuvent aborder ces pages de low countertenor et les dotant d’une réelle plénitude. 

Since the toils and the hazards of war (Purcell) rogne les ailes de Iestyn Davies – malgré un diapason à 415 – et plus encore le solo central de la célèbre ode de Blow sur la mort de Purcell, qui le contraint même à de vilains décrochages en poitrine sur « hell ». Il y a quelques années encore, le chanteur réussissait à dominer une tessiture relativement grave et livrait d’ailleurs une version mémorable d’Eternal source of light divine de Haendel. Par contre, ce disque a été enregistré en janvier 2019 et O Solitude surexpose une voix  fatiguée, un souffle trop court pour assumer cette pièce fort grave et qui l’empêche de développer une interprétation digne de ce nom.

Par contre, ce n’est pas tant la vocalité que l’approche qui nous déroute dans la première partie d’Incassum lesbia, survolée, débitée mot à mot, sans intention, sans phrasé ni conduite. Heureusement, Iestyn Davies se ressaisit et apparaît nettement plus concerné dans la seconde partie. Le discours se fluidifie et s’anime également dans l’ode de Blow en hommage à la reine Mary ( No, Lesbia, no, you ask in vain). A leur décharge, les solistes du chant sont le plus souvent livrés à eux-mêmes. Après une vivifiante entrée en matière (Hark how the songsters), le soufflé retombe vite et la direction de Robert King, qui n’a jamais été un foudre d’éloquence, manque de nerf et d’imagination. Le geste frise même l’anémie dans la chaconne extraite de Dioclesian où les flûtes à bec ténor ne sont pas amoureuses mais assoupies. Thomas Walker et Samuel Boden nous ont montré ce que des ténors pouvaient apporter à l’ode sur la mort de Purcell : un relief supplémentaire, une variété dans l’expression, quasi théâtrale par moments. En revanche, les timbres de Iestyn Davies et James Hall se marient nettement mieux avec ceux des flûtes du Kings’ Consort – par ailleurs autrement ductiles que celles d’Arcangelo – et les contre-ténors rivalisent d’élégance ailée dans la grisante section finale. Une énergie irrésistible parcourt également leurs mélismes dans O dive custos Auriacae domus, chef-d’oeuvre trop peu joué et dont ils subliment la mélancolie inquiète.   

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Note ForumOpera.com

2

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

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John Blow

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Iestyn Davies, James Hall, countertenors

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