Johann Strauss père et fils, maîtres de la Valse. Deux vies qui traversent un siècle, deux destins où se côtoient le sordide et le lumineux, le succès et les drames, sur ce rythme effréné qui a fait de l’ivresse en musique l’art d’un temps en trois temps qui ne finit jamais. C’est ce voyage exaltant en bord de Danube qu’Alain Duault nous avait proposé dans une évocation biographique publiée en 2017 par Actes Sud dans la collection Classica. La musique des Strauss, emblématique du temps et de l’âme d’une cité qui capte les regards et contient tous les rêves et cette quiétude de vivre, ce fameux Gemütlichkeit qui revenait comme une récurrence dans les mots de l’auteur.
Et c’est désormais à une adaptation musicale de son livre que travaille Alain Duault sur commande d’une maison d’opéra en Belgique. Ce spectacle, qui est encore un work in progress, selon l’auteur, sera à l’instar du livre le tableau vivant d’une époque et d’une famille ayant transformé l’expression de son art en une véritable entreprise, une machinerie musicale bien calibrée, dont l’orchestre est l’atelier principal et les musiciens les chevilles ouvrières. Une manufacture du rêve facétieusement nommée dans le livre la « PME Strauss and Co ». Une formule qui pourrait être le sous-titre en forme de clin d’œil de ce spectacle dédié à deux vies menées à tombeau ouvert et à guichet fermé, et qui ne pouvaient se consommer que dans un étourdissement permanent.