Poulenc, Koechlin, Florent Schmitt, Gustave Holst et tant d’autres doivent être tristes. Arsys Bourgogne, qu’avait créé Pierre Cao, s’était éteint dans le silence et dans l’indifférence, après vingt ans d’un travail exemplaire. Une autre formation d’excellence, féminine, disparaît à son tour. Fondé par Régine Théodoresco, Calliope aura rayonné 23 ans, ce qui n’est pas rien dans ce monde impitoyable de la musique professionnelle, dans le répertoire spécifique des voix de femmes. En effet, après un parcours exemplaire, salué unanimement par la critique pour la qualité et l’audace de ses programmes comme de ses enregistrements, faute de subventions, les chanteuses et leur cheffe ont dû renoncer à poursuivre leur activité.
« Ce dont je me souviens, ce qui va me rester dans mon sac à trésors, ce sont les larmes dans les yeux d’un public souvent chamboulé par nos programmes. C’est cette sensation unique d’avoir eu au bout de mes doigts pendant les concerts des chanteuses exigeantes en répétition, et artistes en concert, d’avoir vibré à cette communication sans cesse recréée par on ne sait quel miracle de l’instant musical. Pas de regrets, pas d’amertume à cette fin programmée, mais la sensation d’avoir fait du mieux que, toutes, nous pouvions, pour réaliser une musique qui venait du fond de l’âme » (Régine Théodoresco).
Calliope, Kalliôpé en grec, signifie littéralement « belle voix ». La muse de l’éloquence et de la poésie épique est immortelle. Souhaitons que cette disparition de l’ensemble ne soit qu’un sommeil passager.