Il y a quelque temps, la présence à Covent Garden de Kangmin Justin Kim dans le rôle de Chérubin faisait jaser, Mozart n’ayant jamais prévu de confier le personnage à l’un de ces castrats dont nos modernes contre-ténors ressuscitent le répertoire. Pour sa nouvelle production des Noces de Figaro, le Théâtre de Bâle pousse un cran plus loin, puisque la distribution fait apparaître un contre-ténor dans le rôle de… Barberine ! Il ne s’agit plus cette fois de réalisme au nom duquel un jeune garçon devrait être incarné par un chanteur de sexe masculin. Dans la mise en scène de Barbara Frey, donnée depuis le 18 janvier et pour encore dix-huit représentations jusqu’au 21 juin, le Brésilien Bruno de Sá interprète bel et bien un personnage féminin (en alternance avec la soprano américaine Kali Hardwick), et a dû pour l’occasion sacrifier sa pilosité faciale. L’occasion de semer le trouble dans le genre puisque Chérubin est chanté par une mezzo-soprano, sans parler de la dimension sociale du spectacle où Figaro et Antonio sont également confiés à des artistes « racisés ».
Barberine et Chérubin © Theater Basel