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Un jour, une création : 31 décembre 1879, à l’abordage !

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31 décembre 2019
Un jour, une création : 31 décembre 1879, à l’abordage !

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Gilbert (pour les livrets) et Sullivan (pour la musique), c’est un peu le duo d’or de l’opérette à l’anglaise. Ils en ont fait pas moins de 14 en presque 20 ans, dont les plus grands succès restent The Mikado, HMS Pinafore et ces Pirates of Penzance, créés voici tout juste 140 ans aujourd’hui. 

Contrairement à l’usage, d’ailleurs, on ne cite pas le seul compositeur comme auteur de l’œuvre mais invariablement et ensemble les duettistes, et c’est justice. Ce sont un peu les Strauss (Johann) et Offenbach (Jacques) d’outre-Manche, avec des partitions efficaces et des histoires à dormir debout qu’on pourra trouver drôle si on a gardé une âme victorienne, dont les deux auteurs font partie des emblèmes, loin de la très solennelle musique elgarienne, d’ailleurs plutôt « edwardienne ».

Pour cette 5e collaboration, Gilbert avait préparé le livret avant de partir pour les Etats-Unis où devait le rejoindre Sullivan. Mais ce dernier, décidément distrait, oublie sa partition en partant, et doit tout reconstituer de tête. C’est donc à New York que l’œuvre est créée avec grand succès, avant de l’être – avec le même succès – à Londres quelques mois plus tard.

Que racontent donc ces « Pirates de Penzance, ou l’esclave du devoir », titre complet ? Il y est question d’un certain Frédéric, apprenti-pirate (ben oui, comme tous les métiers, ça s’apprend), qui a 21 ans et peut donc accéder au métier plein et entier. Mais voilà, il n’en a aucune envie ! Il faut dire qu’il est devenu apprenti pirate parce que sa gouvernante, un peu dure de la feuille, n’avait pas bien compris la consigne de ses parents, pour faire de Frédéric un apprenti-pilote (rires). Mais Frédéric, doté d’un sens inné du devoir, a fait contre mauvaise fortune bon cœur. La gouvernante, d’ailleurs, lorgne un peu sur le jeune homme, qui ne sait plus trop bien où donner de la … tête lorsqu’arrive inopinément une batterie complète de jeunes femmes toutes plus jolies les unes que les autres, et toutes filles du major-général Stanley. Frédéric va les demander en mariage pour sortir de sa condition sociale, un peu compromise. Une seule lui offre son cœur : Mabel. Mais ses sœurs ne tardent pas à être encerclées par une bande de pirates a priori assez peu finauds… Ils reculent cependant lorsqu’ils apprennent qu’elles sont les filles d’un major-général de l’armée britannique, par ailleurs assez peu modeste, comme on peut en juger dans cet extrait, l’un des plus célèbres de la partition, qui doit beaucoup à Rossini, mais aussi à Offenbach. Las ! Les pirates, finalement, ne se montrent guère impressionnés, d’autant qu’un major-général ridicule et surtout seul, ça n’a pas de quoi les émouvoir. Stanley ne doit son salut qu’à l’aveu (tout à fait mensonger) qu’il est orphelin, les pirates ayant juré de ne jamais attaquer un orphelin… On lui laisse donc la vie. Mais ce mensonge le torture, le pauvre ! Frédéric, dont le sens du devoir l’a convaincu d’aider les autorités, survient en jurant qu’avec l’aide de la police, il débarrassera tout le monde des pirates. Pas de chance, surviennent sa gouvernante (jalouse de Mabel, évidemment) et un improbable roi des pirates qui annoncent tout de go à Frédéric que selon le contrat qui le lie à eux, ce n’est pas à ses 21 ans qu’il peut voler de ses propres ailes, mais à son 21ème anniversaire…. Or, il est né un 29 février…. Le roi des pirates considère donc qu’il lui reste 16 anniversaires à intervalles de 4 ans à tirer avec eux, soit une perspective de retraite assez lointaine… Qu’à cela ne tienne, à nouveau par sens du devoir, Frédéric change de stratégie et rallie les pirates en dénonçant le mensonge du major général… Mabel, elle, annonce qu’elle l’attendra jusqu’en 1940… tout en prenant la tête des policiers pour faire leur fête aux pirates. Mais ces derniers ont le dessus et se jettent sans vergogne sur les filles du général. Heureusement, le sergent, chef des policiers, a une idée : il leur ordonne de se rendre au nom de la reine Victoria… Et là, les pirates sont comme frappés de stupeur, foudroyés par le seul nom de la reine. Et pourquoi, je vous le demande ? Parce que ce sont tous d’anciens lords qui ont mal tourné, figurez vous ! On leur restitue leur titre et leur mandat à la Chambre éponyme et désormais, on peut les marier aux filles du général…..

Vous étiez prévenus…

En tout cas, voilà une petite farce pour bien finir l’année… ici dans une vieille production du festival de Stratford, au Canada.

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