De son propre aveu, Marc Minkowski n’est pas un adepte des saisons à thème mais en cette année de bicentenaire, il semble logique que Jacques Offenbach soit un des fils rouges choisis par le directeur général de l’Opera national de Bordeaux pour ficeler sa programmation 2019-20. En ouverture de saison donc, Les Contes d’Hoffmann dans une approche unifiée par Vincent Huguet où les quatre rôles féminins, les quatre diables et les quatre valets seront confiés à un même artiste (Jessica Pratt, Nicolas Cavallier et Marc Mauillon) et où Nicklause (Aude Extrémo) chantera, outre la Muse, la voix de la mère d’Antonia. A noter aussi un hommage à l’enfant du pays et égérie d’Offenbach, Hortense Schneider.
Tirer ce premier fil rouge conduit naturellement à Mozart, célébré à travers la trilogie Da Ponte (Le nozze di Figaro, Don Giovanni, Cosi fan tutte) envisagée par Ivan Alexandre comme un cycle, déjà présentés à Drottningholm et Versailles. L’intérêt en sera renouvelé par la distribution, avec le premier Don Giovanni et Don Alfonso d’Alexandre Duhamel, Florian Sempey en Comte Almaviva, Lea Desandre en Cherubino, Angela Brower en Dorabella et Susanna moins soubrette qu’à l’accoutumé, etc.
La planète lyrique devrait avoir les yeux rivés sur la colonne des Girondins en juin puisqu’entre les représentations de cette trilogie mozartienne s’inséreront les récitals d’Anna Netrebko, avec piano, et de Jonas Kaufmann, avec orchestre. D’autres grands noms de l’opéra auront auparavant investi la scène bordelaise le temps d’un tour de chant, dont la légendaire Mariella Devia en tournée d’adieu.
Après Manon, Roméo et Juliette de Gounod marquera le retour de Nadine Sierra sur les rives de la Garonne, malheureusement sans mise en scène et sans Benjamin Bernheim remplacé par Pene Patti (le ténor tombé dans ma marmite Pavarotti quand il était petit).
Une version de concert d’Ariodante, dirigée par Marc Minkowski à l’intention de Marianne Crebassa, tentera de renouveler le miracle de l’enregistrement de 1998.
Le Démon de Rubinstein fera son entrée au répertoire bordelais, avec Nicolas Cavallier – de nouveau – dans le rôle-titre, l’occasion de souligner la présence récurrente d’artistes français à l’affiche, y compris dans des œuvres étrangères.
La Légende du roi Dragon, opéra participatif composé par Arthur Lavandier, et interprété par un chœur de 200 enfants des établissements scolaires de la ville, fera d’une pierre deux coups en apportant sa contribution à la création contemporaine et à l’ouverture au jeune public.
Partenariats, mécénat (650.000€ en hausse de plus 100% mais encore insuffisant par rapport au budget global, 30 millions d’euros, assumé à 50% par la ville), ballets supervisés par directeur de la danse Eric Quilleré, saison symphonique sous la baguette du directeur musical de l’Orchestre national Bordeaux- Aquitaine, Paul Daniel, concerts du dimanche matin et autres événements musicaux, témoignent de la vitalité de l’institution, la deuxième du spectacle vivant en France, en nombre d’artistes permanents (190), mais en termes de distribution et d’imagination, pas loin de supplanter la première. Tous les détails en ligne, dès vendredi prochain, sur le site de l’Opéra national de Bordeaux.