Le partenariat entre l’Opéra national de Paris et Devialet a été peu évoqué. Le fabricant français d’enceintes haut de gamme dispose pour une durée de dix ans d’un espace de 80 m2 au Palais Garnier. Il y aurait à développer autour de la volonté affichée de ne pas faire de l’opéra un art élitiste et le prix de l’enceinte Phantom autorisant l’accès en streaming à des retransmissions en direct de Bastille ou Garnier : 2 790 € pièce. Là n’est pas le sujet.
Dans un article du Parisien, daté du 26 février dernier, Quentin Sannié, le PDG de Devialet, interrogé sur ce partenariat se félicite d’avoir rendu « l’impossible possible » en qualifiant l’opéra d’« univers très conservateur » (à rapprocher en souriant du slogan choisi par l’OnP pour sa saison 2018-19 : « Moderne depuis 1669 »).
Propos non dénué d’arrogance d’un jeune loup de la nouvelle économie qu’il conviendrait de ne pas relever ? Assurément si ce genre de déclaration n’allait conforter le plus grand nombre dans l’idée que l’opéra est un art ancré dans le passé, incapable de remise en question, quand tout au contraire depuis la naissance du genre démontre l’inverse. Sans se lancer dans une liste à la Prévert des innovations dont font preuve au quotidien les maisons d’opéra, citons l’usage de technologie de pointe pour représenter les ouvrages – la vidéo n’étant que l’arbre qui cache la forêt – ; la multiplication d’initiatives originales destinées à élargir le public ; les retransmissions en direct sur le Web, au cinéma ; l’utilisation des réseaux sociaux pour mettre en avant artistes et spectacles. C’est cet esprit pionnier qu’il convient de souligner pour éviter que de telles déclarations continuent de véhiculer de nuisibles clichés.