C’est un autre grand compositeur d’œuvres lyriques, Giancarlo Menotti, qui s’inspire pour son compagnon Samuel Barber, d’un recueil de nouvelles de Karen Blixen, Sept contes gothiques. Il en distille l’atmosphère à la fois froide et nostalgique, propre à laisser libre cours au romantisme de Barber. La partition de Vanessa est réalisée entre 1956 et 1957 et le Metropolitan Opera de New York met les petits plats dans les grands ce 15 janvier 1958, avec une production fastueuse, mise en scène par Menotti dans des décors et des costumes de Cecil Beaton. La distribution est on ne peut plus prestigieuse. Sena Jurinac devait créér le rôle-titre, mais doit finalement laisser la place à Eleanor Steber, qui relève le défi avec succès. A ses côtés, rien moins que Regina Resnik, Nicolai Gedda et Giorgio Tozzi ; tous sous la direction fiévreuse de Dimitri Mitropoulos.
La soirée est un triomphe mémorable. Toute la presse parle d’un jour nouveau pour l’opéra, qui regarde pourtant vers la grande tradition lyrique et s’inspire notamment de Richard Strauss. L’œuvre remporte le prix Pulitzer et fait le tour du monde. Puis tout s’arrête et même une révision de la partition et du livret en 1964 ne suffira pas à l’imposer durablement. En France, il faudra attendre l’an 2000 pour qu’elle soit créée à Metz.
Voici un remarquable témoignage de la création, il y a tout juste 60 ans, avec le très lyrique quintette « To leave, to break », qui mène à la fin de la partition.